11/11/2009
Réconcilier communication et responsabilité sociale
Réconcilier communication et responsabilité sociale ... un sacré challenge que relèvent quotidiennement Act Responsible et sa nouvelle ambassadrice Laurence De Lignac qui, après un parcours qui l'aura conduite des agences de publicité Taxi Jaune et Ogilvy & Mather à Getty Images,vient de rejoindre cette ONG.
MarketingIsDead : Laurence De Lignac, tu viens de rejoindre Act Responsible qui nous a gratifié d'une magnifique exposition en marge de la Journée du Marketing de l'Adetem : peux-tu nous en dire un peu plus sur cette organisation encore trop peu connue ?
Laurence De Lignac : ACT Responsible est une association à but non lucratif qui a pour mission de sensibiliser toute sorte de publics aux causes sociales et environnementales.
Rien de bien original me direz-vous. La particularité de notre démarche est que nous nous appuyons sur le talent des créatifs d'agence de pub pour remplir notre mission.
En effet, concrètement nous collectons de manière permanente le meilleur de la création publicitaire sur les causes sociales et environnementales en provenance des associations, ONG et entreprises des 4 coins de la planète. Puis nous lançons notre collection tous les ans au festival international de la publicité de Cannes - rendons hommage aux créatifs -, pour enfin la mettre à disposition des entreprises, collectivités et institutions. Nous proposons des expos et projections sur ces grandes causes dont la lecture est immédiate et impliquante car visuelle.
Très enrichissante aussi car sur les mêmes enjeux on constate des expressions et discours très différents selon les cultures et pays auxquels on s'adresse.
MarketingIsDead : Communication publicitaire et Responsabilité Sociale des Entreprises ne sont bien souvent associées et associables que sous l'angle du greenwashing : votre démarche n'est-elle pas un peu utopique ?
Laurence De Lignac : En effet, on oppose souvent ces deux cultures car traditionnellement les objectifs semblent incompatibles. C'est une vision passéiste que d'opposer la communication publicitaire et la responsabilité sociale des entreprises. Même si le rôle de la publicité est avant tout économique - faire vendre - le secteur de la communication, souvent sous la pression de leur annonceurs et des consommateurs, est aujourd'hui en train de changer.
La création de l'ARPP (ex. BVP) comme la charte de l'UDA incitants les annonceurs à s'engager dans des pratiques de développement durable en sont une illustration notable. La réconciliation récente de ces 2 mondes est aujourd'hui évidente, les enjeux dépassent les clivages traditionnels.
ACT Responsible contribue au rapprochement de ces deux cultures et bannit bien évidemment les pratiques de green-washing. Pour lutter contre ces pratiques, il y a un maintenant un cadre réglementaire, des organisations, des collectifs professionnels, ... et des agences conseil qui accompagnent ce changement par leurs recommandations, chartes et formation. ACT Responsible fédère aussi beaucoup d'énergies en organisant des débats, des conférences. Voir par exemple le séminaire avec Kofi Annan et Bob Geldof à Cannes en juin dernier.
ACT Responsible a largement contribué et continu à faire changer les choses.
MarketingIsDead : Comment passe-t-on du marketing traditionnel au marketing responsable et du monde de l'entreprise à celui des ONG ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta démarche personnelle ?
Laurence De Lignac : Naturellement ! Lorsque j'étais Directrice Marketing de Getty Images France j'étais déjà très à l'écoute des enjeux du développement durable. Dans le cadre de sa recherche créative, Getty a publié en 2006 une analyse sur la communication environnementale mettant en garde les professionnels de la communication contre l'utilisation des clichés faciles et explorant de nouvelles pistes.
Mon engagement auprès de ACT depuis 2002, née de la formidable rencontre avec Hervé de Clerck et son équipe, prenait enfin tout son sens. Comme souvent, la pub a un temps de retard, mais lorsqu'elle s'empare d'un sujet, elle contribue à en accélérer la diffusion, c'est l'essence même du métier.
Disons que ma démarche s'inscrit dans l'heureuse conciliation de mon expérience professionnelle et de mon engagement personnel et associatif. Que du bonheur !
19:35 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |
09/11/2009
Diversité culturelle et ethnique
Que sait-on vraiment de la diversité culturelle et ethnique ? Quelles données peut-on utiliser ? Comment aborder ces cibles ? Dans quel cadre juridique ?
Telles étaient - entre autres - les questions auxquelles devaient répondre mes invités lors de la seconde conférence plénière, lors du Semo, mercredi dernier.
Les questions juridiques se sont assez rapidement évacuées : Charles Morel, avocat de notre table ronde précisa qu'il est possible, sous certaines précautions, de recueillir la nationalité ou les convictions religieuses des répondants ; et Abbas Bendali nous en apporta la preuve, avec une étude de type Média Marché réalisée auprès de populations issues de l'immigration extra-européenne.
Mais la suite de la discussion, avec Yves Krief d'abord, puis Jean-Michel Raicovitch, montra que la problématique - essentiellement franco française - se révèle complexe à aborder ... ne serait-ce souvent que faute d'interlocuteurs.
Car aucun des annonceurs sollicités n'accepta de participer au débat ... pas plus que l'INED, qui vient pourtant d'achever "une étude sur "la construction des identités" après deux ans d'enquête auprès de 10 000 personnes, comprenant des Français de naissance, des immigrés et des enfants d'immigrés", comme le rappelle Le Monde.
Dans la plupart des pays, et notamment aux États Unis, la problématique ne se pose pas dans les mêmes termes : les instituts ne se gênent pas de poser les questions adéquates ... et répondent ceux qui le souhaitent. Rien ne prouve que les non répondants diffèrent beaucoup des autres enquêtes - on oublie d'ailleurs très vite en France que les non répondants absolus représentent plus de 80% de la population, mais c'est un autre débat.
Le malaise est certainement ancien - quelque part tirant ses racines du "fichier juif" de la seconde guerre mondiale, et de tous ces fichiers aux relents racistes que l'on a retrouvé ensuite, bien des années après, enkystés au cœur même de la police nationale.
Pourtant, d'un point vue strictement rationnel, quel danger représente une étude ciblant les noirs pour mieux adopter une offre cosmétique ou les musulmans, pour évaluer le marché des produits halal.
D'un autre côté, je ressens toujours une profonde réticence en moi, dès que l'on aborde la libéralisation de ce type d'études - qui d'ailleurs, comme je le disais plus haut, sont possibles à mettre aujourd'hui en œuvre - et je ne crois pas que la présence de Hortefeux ou Besson au gouvernement y soit étrangère : on ne sais jamais trop où cela peut nous entrainer quand ony met le petit doigt.
D'où ce récurrent malaise : angoisses, fantasmes, réticences ... et finalement censure.
En arrivant sur le plateau, je pensais naïvement que face à un tel problème éthique, un peu d'autorégulation devrait suffire à compenser une carence législative ; en le quittant, je me disais que le problème est plus profondément enraciné que je ne le croyais, qu'il nécessiterait peut-être quelque-chose de l'ordre de la psychothérapie collective ... et que j'étais pas sûr moi-même de vouloir secouer un peu plus en avant le sujet.
Bref, nous avons à peine abordé le sujet, entrouvert la boite de Pandore ... et l'avons vite refermée, face à une assistance très ... renfermée : jamais le dialogue ne s'est vraiment engagé avec la salle, preuve - s'il en faut encore une - d'un malaise collectif.
08:47 Publié dans Un peu de bon sens | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
08/11/2009
Contre le démantèlement des Haras Nationaux
Je viens de recevoir une invitation à rejoindre le groupe Contre le démantèlement des Haras Nationaux sur Facebook : 5249 membres, pas mal pour un groupe français et récent - il date de Juin dernier !
Mais il s'agit, comme son nom l'indique bien, de sauver du démantèlement les Haras Nationaux, une institution date de ... Madame de Pompadour !
"Sous couvert de fusion École Nationale d’Equitation / Haras Nationaux, les ministères de l’agriculture et de la jeunesse et des sports préparent une réforme en trompe l’œil dont l’objectif principal est la suppression à terme du service public du cheval", dénonce son fondateur.
Celui qui mène la fronde sait de quoi il parle : il en a assuré la direction des ressources humaines jusqu'au printemps. Mais il est clair que le groupe a su recruter bien au delà du personnel des Haras Nationaux, tous les amoureux du cheval et des sports équestres.
Une pétition circule également sur le site Pétition du web : je viens juste de la signer, les Haras Nationaux, c'est à la fois une institution qui compte beaucoup dans le paysage équestre français, une très belle marque, dont la réputation sur le Web 2.0 a fortement bénéficié du succès de sa plateforme de blogs Blogscheval.net.
D'ailleurs, si vous souhaitez mieux comprendre les enjeux de cette nième réforma de la filière chevaline, un œil sur Sangpursangogaloo : un blog à suivre pour rester au courant de l'aventure.
Et découvrir comment le Web 2.0 supporte le lutte des salariés des entreprises et du service public.
18:41 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | |
02/11/2009
Marketing anatomy
Comme promis ici, voici les réponses de Nicolas Riou au petit questionnaire que je lui ai envoyé à la sortie de son livre.
MarketingIsDead : Dove, avec sa communication "honnête", a souvent été encensé par les publicitaires ; tu nous dit que les consommateurs, à la suite de Greenpeace, la jugent aujourd'hui hypocrite, parce Dove, c'est Unilever, sa culture des profits, etc. La fin d'une époque publicitaire ?
Nicolas Riou : Il y a aujourd'hui, de la part des consommateurs, une exigence de cohérence forte du côté des marques.
La campagne Dove, pleine de bonnes intentions, a été encensée à son lancement. Enfin une marque qui rompt avec le diktat des industries de la mode et de la cosmétique et propose une autre vision de la beauté, visant à renforcer l'estime de soi ...
Assez vite les antipubs ont dénoncé le manque de cohérence entre une marque au discours angélique et son groupe d'appartenance pratiquant une politique inverse sur d'autres marques comme Axe. Greenpeace a surenchéri en lançant sur le net un film copié-collé du film Dove, mais montrant la destruction de la foret indonésienne par Dove pour de l'huile de palme ...
L'internet implique plus de cohérence et de transparence de la part des marques. Elles ne peuvent plus tricher en communication car elles sont immédiatement dénonçées et, selon l'effet boule de neige, les critiques s'amplifient rapidement. En ce sens, avec la fin d'un certain cynisme, c'est bien de la fin d'une époque publicitaire qu'on peut parler.
MarketingIsDead : Le buzz semble avoir remis au goût du jour le street marketing : dans tous les cas, ce n'est pas la prime à un marketing de la relation sur celui de la communication ?
Nicolas Riou : C'est la fin d'un certain marketing, celui basé sur le fameux credo "repetition is persuasion".
Au lieu d'imposer un message et de chercher à influencer le comportement d'achat par la répétition d'un argument de supériorité produit, les marques doivent apprendre à "engager" le consommateur dans leur système marketing. Pour cela elles doivent engager un dialogue. Il peut passer par la création de réseaux sociaux de marques, par les blogs, par la co-création par les consommateurs de contenus marketing ...
Dans tous les cas, on pratique aujourd'hui un marketing de l'attachement et du lien et plus seulement de la communication du haut vers le bas.
MarketingIsDead : Je te cite : "Qui se souvient d'avoir vu une publicité pour Google, YouTube, Amazon, Flickr ou Facebook ? Et pourtant, il s'agit bien de marques globales !" Publicité is dead ? ... ou du moins, moins nécessaire !
Nicolas Riou : L'internet est né dans une culture libertaire, hostile à la publicité et aux marques. Les succès se sont donc faits sans publicité média et pourtant il s'agit de marques ayant les caractéristiques de grandes marques globales : notoriété, contenu d'image ...
Dans le monde offline c'est aussi le cas de Starbucks.
Le nouveau modèle du marketing en train de se construire fait moins la part belle à la publicité. C'est l'idée qui compte, en amont ... ensuite il y a une grande diversité de canaux, de points de contacts ... Il faut choisir les plus adaptés à la cible et à ses rythme de vie.
Aujourd'hui "Prime time is my time" c'est à dire que chacun a son prime time ... Alors "publicité is not dead", il faudra toujours la télévision ou le print pour la puissance et la construction d'image ... Mais ce ne sont plus les médias rois, d'autant plus qu'ils manquent d'interactivité pour un marketing de la relation et du lien.
La création du désir, la préférence pour un produit, la valeur d'envie ... peuvent se créer indépendamment.
11:12 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |
30/10/2009
Esref Armagan
Volvo m'aura permis de découvrir un impressionnant peintre turc ... aveugle de naissance : Esref Armagan !
Comment faire (res)sentir la beauté des formes de la nouvelle Volvo S60 sans la dévoiler : Esref caresse la voiture et la peint grâce à son imagination.
A l'heure où les performances ne font plus saliver les foules, sans doute une façon originale de promouvoir l'esthétique d'un nouveau modèle, surtout en assurant la promotion d'un artiste méconnu !
Découvrez ci-dessous la vidéo publiée sur YouTube.
Découvrez également les œuvres d'un artiste hors du commun en surfant sur son site.
19:06 Publié dans Publicité | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook | |