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06/03/2010

Daniel Bô et le Brand Content

Brand Content.jpg"Le marketing de la "part de cerveau disponible" a fait son temps. Dans la publicité, le marketing digital, les modes de ciblage ... les initiatives se multiplient et de nouvelles approches se mettent en place. Quelles sont les réponses des marques innovantes et comment recréent-elles de la valeur d’envie ?"

"En complément des messages publicitaires traditionnels, les marques produisent aujourd’hui des contenus éditoriaux de plus en plus élaborés (mini films, magazines, jeux vidéos, web tv...) jusqu’à devenir des médias à part entière. Le brand content est en plein essor."

Ne vous y trompez pas : les deux phrases, qui semblent si bien se compléter, ne sont pas du même auteur ... même si le "brand content" de Daniel Bô peut constituer une réponse efficace aux bouleversements en cours évoqués par Nicolas Riou - voir son interview ici.

C'est pourquoi le mardi 23 mars, le Club Marketing 2.0 de l'Adetem vous propose de rencontrer ces deux auteurs pour un échange fructueux sur le nouveau marketing :

- Nicolas Riou pour : Marketing anatomy : Les nouvelles tendances marketing passées au scanner.
- Daniel Bô pour Brand Content : Comment les marques se transforment en médias.

Pour s'inscrire, c'est ici.

Et en avant-première, petite interview de Daniel Bô.

MarketingIsDead : Quelle différence fais-tu entre branded content et brand content ?

Daniel Bô : Les modalités du mariage entre les marques et le contenu sont très nombreuses : le branded content correspond à une logique de rapprochement ou d’association, et le brand content correspond à une logique d’édition proprement dite.

Le branded content désigne toute opération  de communication qui implique un rapprochement ou un partenariat entre une marque et un contenu, préexistant ou non. Le contenu est "brandé", c’est-à-dire que la marque a été rajoutée, mais le contenu peut exister sans elle, et peut être associé à une autre marque : branded est utilisé comme adjectif du contenu : le sponsoring, le parrainage sont des exemples de branded content.

Certaines marques font plus que rapprocher des éditeurs et des créateurs de contenus : elles créent elles-mêmes leur propre contenu. La marque assume un statut d’éditeur, finance et fabrique un contenu à partir de son propre fonds. Elle est l’initiateur du contenu, qui n’aurait pas vu le jour sous sans elle : brand est utilisé comme un substantif, les mini-films Bmw, les guides de voyage Louis Vuitton sont des exemples de brand content.

MarketingIsDead : A l'heure des User Generated Content, des contenus générés par les marques, c'est pas un peu obsolète ?

Daniel Bô : Le phénomène des UGC est concomitant de celui du développement des contenus de marques. Les contenus de marques sont faits pour être consultés, partagés voire créés ou co-réalisés par les consommateurs eux-mêmes.

La logique initiale de transmission de message repose sur une communication unidirectionnelle sans voix de retour ni possibilité de dialogue. Elle suppose de capter l’attention avec un message mémorisable, claire, attribuable, focalisé sur le produit ou la marque. Pour transmettre les messages, les marques doivent capter l’attention en jouant sur le message lui-même (taille, volume, humour, séduction, etc) et en parasitant d’un contenu éditorial qui a fait le travail de capture de l’attention (en se mettant à côté, dessous, dedans).

Avec le développement des réseaux sociaux, la modification des paramètres de prise de parole évolue dans plusieurs directions :

- on passe de la transmission de message à la transmission de contenu : c’est le brand content,
- on passe de la transmission de message au partage de message voire de contenu.

Le lien sera d’autant plus fort si le public partage autour des contenus, peut lui-même participer à leur création ou s’en servir pour enrichir leurs propres relations privées. De plus en plus de marques mettent leurs contenus à disposition des réseaux sociaux afin que les consommateurs puissent commenter, échanger autour des contenus. Le contenu devient un ingrédient indispensable à l’animation des réseaux sociaux.

Le cas Axe Muchas Maracas l’illustre bien. Il s’agissait de lancer une danse de l’été 2009 avec une chanson originale "qui a les plus grosses maracas?", un clip avec une chorégraphie. Le clip s’est hissé très vite en tête des vidéos sur Youtube, et surtout les gens se sont réappropriés la chorégraphie : ils l’ont dansé dans les campings, les fêtes de fin d’année, en se filmant eux-mêmes et postant leurs vidéos sur les plateformes de partage. C’est la force du bon contenu : il est réapproprié et se dissémine partout sous des formes imprévisibles au départ.
Des entreprises comme Eyeka se sont spécialisées dans l’appel à projet en s’appuyant sur un réseau de volontaires motivés pour contribuer et nourrir la marque en contenus. La communauté Eyeka était invitée dernièrement à réaliser des vidéos sur le thème de l’hybride pour tous (pour la marque Honda).
Les contenus peuvent être le pivot d’un échange renforcé entre la marque et les consommateurs. La marque Audi souhaitait animer sa relation client et nourrir son programme de fidélisation en offrant aux propriétaires d’un véhicule Audi des contenus exclusifs de qualité : la plate forme www.myaudi.fr réservée à 30 000 membres parmi les clients les plus fidèles de la marque donne accès à des programmes musicaux inédits (coulisses de concerts, clips en exclusivité, vidéos rares, interviews, etc.). La marque peut en outre offrir des invitations VIP à des concerts et des événements privés.
MarketingIsDead : Comme bien souvent le story telling, le brand content, ce n'est pas souvent une fuite en avant pour des marques qui n'ont plus rien à proposer de concret
Daniel Bô : Le brand content c’est tout sauf une fuite en avant. C’est à la fois une relation plus riche, plus désintéressée, plus humaine, plus authentique plus directe. Je suis convaincu que le contenu de marque est appelé à grand avenir car il suscite l’enthousiasme (lorsqu’il est de qualité) et répond à la logique du digital (où la communication de marque ne peut fonctionner que si c’est un contenu recherché par l’internaute).

En attendant d’en parler le 23 mars à l’Adetem, je dirai que le brand content repose sur 3 piliers :

- le brand content apporte quelque chose de valeur : la communication est un service à part entière qui se suffit à lui-même (divertissant, informatif, pratique) intéressant avant d’être intéressé
- le brand content adopte une communication rayonnante : au lieu de se focaliser sur un aspect d’un produit, la marque cherche à l’intégrer dans un ensemble plus vaste
- le brand content s’adresse à une personne : le contenu se présente comme un don adressé à une personne (et pas seulement à un consommateur).

Si je prends l’exemple du DVD Pampers qui explique comment le bébé perçoit le monde dans le ventre de sa mère, on a bien un contenu qui a de la valeur en soi. Ce contenu ne se focalise pas sur l’efficacité de la couche mais englobe plus largement l’univers du bébé. Ce DVD permet de créer une relation privilégiée et désintéressée avant même que le bébé soit né.

La marque de luxe Louis Vuitton est devenue en quelques années tout à la fois maison d’édition, galerie d’art et documentariste, en plus ses activités de fabricant d’articles de luxe. Une offre de contenus culturels est venue enrichir et nourrir le positionnement de la marque autour du thème du voyage, dont les produits (bagages et articles de maroquinerie) ne sont finalement qu’une dimension. La marque vend désormais en librairie et dans ses boutiques des "city guides de voyage", dont on ne saurait dire s’il s’agit d’une diversification produit ou de la communication de marque. Des modules vidéos guident l’internaute dans les rues d’Edimbourg avec Sean Connery, mais aussi avec Catherine Deneuve à Paris ou Francis Ford Coppola à San Francisco, sa fille à Marrakech... Ça ne ressemble pas à une fuite en avant.

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16/02/2010

Mythologie des marques

Lewi.jpgComme je l'annonçait ici le 2 Février, voici l'interview de Georges Lewi, qui vient de publier : Mythologie des marques.

MarketingIsDead : Le storytelling fonctionne parfaitement pour une marque comme Yves Rocher, derrière laquelle, comme tu le précise bien, il y a un homme et une réelle aventure. Mais il y a également beaucoup de marque aujourd'hui derrière lesquelles il n'est d'histoires que fabriquées par la publicité : à l'heure du Web 2.0, où les consommateurs sont prompts à dénoncer toutes les supercheries (comme l'Oréal en a fait les frais avec le Blog de ma peau), n'existe-t-il pas un risque à façonner de belles histoires sans fondements légitimes ?

Georges Lewi : Comme toujours l’authentique est meilleur que la légende. Mais est ce si important ?

Le storytelling des marques est en fait plus souvent le storytelling des "récepteurs", des consommateurs plutôt que celui des émetteurs, les entreprises. Il y a marque quand il y a rencontre entre une "idée", un "repère mental" proposition d’une entreprise et une attente des consommateurs ou des clients qui rejoint cette proposition. Et c’est pour cela que cela "marche". Les seules mythologies qui "fonctionnent" sont celles qui existent déjà dans l’esprit des consommateurs : la beauté par la nature, le troc comme vérité du commerce "équitable", la science qui pourra retarder le vieillissement des jolies femmes …

Tant mieux si c’est vrai. Mais chez Yves Rocher, Nature et découverte ou Channel, est-ce totalement exact ? N’est ce pas avec le temps, légèrement ré-adapté, ré-écrit comme toute histoire fondatrice ?

Le « logos », le rationnel humain dénonce en même temps que l’imaginaire humain appelle.

Le mythologue Paul Veynes s’interrogeait : "Les grecs croyaient-ils en leur dieux ?" Comment les contemporains de Platon et de Socrate pouvaient-ils croire en ces idoles et en ces divinités de l’Olympe que se chamaillaient comme des enfants irresponsables ? Ou avaient-ils besoin de croire en « ces fables » pour continuer à vivre dans ce monde antique qui commençait à s’étendre ?

Croyons nous vraiment au storytelling des marques ou avons-nous besoin d’y croire pour continuer à vivre dans notre société de consommation  ?

MarketingIsDead : De grandes marques récentes, comme Google ou Ebay, ont réussi à créer de réelles mythes, ou du moins, de belles histoires, sans recours à la communication classique (jusqu'à récemment, ni l'une, ni l'autre, n'avaient investi un dollar en publicité) : existe-t-il un storytelling "naturel" qui échappe aux publicitaires ?

Georges Lewi : Le storytelling des marques, leur narration originelle et fondatrice vient très rarement de la publicité. La publicité n’est là que pour amplifier une base narrative déjà légitimée par le nom de la marque, sons iconographie, ses produits, ses actions en faveur du public, son parcours marketing, par « le buzz » naturel des actions réussies fait par les premiers consommateurs. On va souvent trop vite aujourd’hui. Les faits et les RP doivent précéder la publicité et non l’inverse pour tenter d’obtenir une crédibilité.

Les marques les plus publicitaires sont des promesses de marques et des narrations  dès leur apparition : MONSIEUR PROPRE se développe par la publicité mais sa seule sémiologie lui attribue déjà un rôle éminent auprès de la ménagère.

Internet est le lieu idéal des marques : un public large prêt à collaborer, une promesse tenue ou non et immédiatement identifiable. Une condition d’appuyer cette promesse sur une attente forte, de toujours, un mythe de l’humanité. Les pure players du Web n’ont mis que 3, 5 ou 10 ans au plus  pour  s’imposer dans un univers marketing encombré.

Le storytelling des marques exprime une délivrance pour le consommateur contraint.

GOOGLE ou le savoir universel à portée d’un clic nous délivre des lourdes encyclopédies et des bibliothèques aussi  ennuyeuses que chronophages, EBAY par le goût du troc "naturel"  nous délivre des "commerçants" et nous fait accéder à ce "statut", à ce "jeu" de la marchande bien connu des cours d’écoles maternelles.

Les publicitaires ne sont que sont que des porte-plumes. Mais le talent d’un porte parole  vaut de l’or cependant !

MarketingIsDead : Certes aujourd'hui, les collégiens restent accros aux marques comme Nike ou Cenverse, parce qu'ils ont besoin de trouver leurs repères dans la société, et que la famille ne remplit plus son rôle socialisant comme naguère ; mais dès le lycée, la fascination pour les marques disparait. Avec la crise, les consommateurs se montrent de moins en moins sensibles au caractère statutaire des marques pour se raccrocher aux bénéfices concrets. Alors, moins d'histoires et plus de bénéfices concrets, le storytelling pourra-t-il résister à l'évolution sociétale actuelle.

Georges Lewi : La fonction identitaire des marques jouent à tout âge. Avec l’engouement pour l’IPHONE, 10 millions de cadres, hommes et femmes, sont redevenus des ados ou des  enfants, malgré la crise ! En fait, chacun a son espace rationnel (certes qui s’élargit avec la standardisation qualitative des produits) et son jardin secret, "sa" catégorie pour laquelle il ne regardera pas pour investir.

Pour certains, ce sera toujours l’automobile, d’autres la technologie, d’autres les chaussures, d’autres la nourriture bio ou autre, d’autres les beaux livres et les éditions originelles. Tous ceux là ne sauront pas attendre que « leur marque » soit copiée, que les prix baissent et même lorsque cela devient le cas trouveront toutes les justifications pour continuer d’acheter leur marque préférée, d’en payer le prix  et de faire confiance à son storytelling.

Le storytelling n’est pas celui des marques mais celui des consommateurs !

Chacun a besoin d’un espace de rêve, fût-il très limité. Dans une société de consommation, très peu arrivent à exclure totalement cette part de rêve de "leur" consommation ... Faut-il s’en inquiéter ?

06:17 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | Pin it!

15/02/2010

Magazines 2.0

Magazines 2.0.jpgVient de paraître - enfin, courant Décembre 2009, je suis un peu en retard dans mes lectures - Magazines 2.0, un ouvrage collectif destiné à assurer la promotion de ce médias et signé Xavier Dordor, Pascale Lévêque et Françoise Vidal.

Globalement, une somme d'informations, et en ce sens un livre très utile à la formation des étudiants et jeunes professionnels.

Je regrette juste quelques lacunes, comme l'étude de l'incidence du contrat de lecture sur l'efficacité publicitaire, avec des variations de l'ordre de 40%, présentée à l'Irep et à Esomar au tout début des années 90, ou les intéressants travaux de Millward Brown sur la lecture prouvée des magazines et la délivrance des contacts dans le temps ... mais mes fidèles lecteurs jetteront un œil ici - tiens, ce blog a déjà 4 ans !

Le message de la première partie est prometteur : tout le monde s'accorde à l'importance sociétale de ce citoyen qui commence à reprendre la parole - à noter, un oubli, le Cluetrain Manifesto, texte fondateur de 1999.

Par contre, je suis resté frustré sur la réponse à l'évolution d'une communication one to many à une communication many to many : pour moi, elle ne saurait se limiter à des points de contacts, du 360 ou du cross média, mais doit prendre en compte les UGC.

Si Internet est le passage privilégié des UGC (la presse quotidienne en ligne a d'ailleurs rattrapé sur ce point une partie de son retard sur les natifs du Web), il ne faut pas oublier les expériences de Current TV aux USA ou de l'Homme du train, dans l'édition, au Japon. La presse professionnelle ouvre de plus en plus ses colonnes aux lecteurs experts, mais plus pour des contraintes financières que pour une réalité éditoriale.

Pour moi, la presse 2.0 est un modèle à inventer, pour répondre à des exigences fortes et incontournables des lecteurs qui ont déjà pris en main le Web ; mais cela nécessite une totale remise à plat des rapports, notamment en termes de contenus éditoriaux, entre marques médias et lecteurs.

Donc, un très bon outil de promotion de la presse magazine, mais le titre ne me semble pas totalement adéquat.

Que pensent les auteurs de cette critique ? Voici la réponse de Xavier Dordor, directeur général de l'Association pour la Promotion de la Presse Magazine - APPM.

J’ai bien aimé le commentaire, car sur le fonds je partage les observations. Son objectif est bien la formation à l’efficacité du média magazine. Comme toi et de nombreux profs de marketing qui le recommandent, je pense que sur ce plan, c’est mission accomplie.

Pour moi, la partie 4 est essentielle. La presse magazine est un média totalement efficace, sur le branding et sur les ventes, en mono comme en pluri médias. Tous les tests publiés le prouvent et Magazines 2.0 est en train de laisser une trace universitaire sur ce point, parfois mis en cause par certains. C’était le but.

Nous avons fait un travail de recherches approfondi, mais n’avons publié que des résultats postérieurs à 2000. Certains travaux IREP dont le tien sur l’incidence du contrat de lecture sont intégrés comme des contributions acquises et non en tant que tel. Désolé.

Pour moi, l’efficacité média, cela se construit avant de se mesurer, c’est pourquoi les parties 2 et 3 sont essentielles pour comprendre : les compétences du média magazine et des marques magazines, et surtout comment orchestrer des campagnes efficaces pour en jouir pleinement (y compris la temporalité des contacts, que tu n’as pas dû lire).

Enfin 2.0 ou pas ?

Non pas totalement c’est sûr. Mais qui l’est et sur quel modèle économique probant en dehors des expériences ponctuelles ? Magazines 2.0 parce que c’est là ou on va. Les quotidiens et  magazines sont les médias traditionnels les plus avancés en numérique. Leurs marques médias sont celles qui ont le plus progressé sur la toile en contributif et en prise en charge du contenu.

Les quotidiens et les news sont sur l’actualité et le recul nécessaire au déferlement d’informations, leurs plumes ne sont plus dans l’action mais dans la perspective, (encore que F. Aubenas cette semaine dans l’Obs démontre la force de l’initiative média).

Les autres familles de magazines notamment thématiques sont totalement dans cette perspective de structurer  un discours sur un marché, (de l’éclairage à la maîtrise), d’organiser les tribus qui le composent et de partager la parole sans pour autant l’abandonner. L’expertise se partage, mais pas le verbiage. Le nouveau contrat de lecture magazine est un contrat de moment de vie pour chacun. Dans l’instant et dans l’échange.

Magazines 2.0 : ça vient !

07:00 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | Pin it!

29/11/2009

Il faut sauver le bonbon Kiss Cool

kiss cool.jpgKiss Cool, vous vous souvenez, les publicités rigolotes, le double effet, une marque populaire ?

Mais pas éternelle pour Cadbury, qui décide de la tuer début 2009, pour la remplacer par la charismatique ... Halls ! Vous ne connaissez pas Halls ?

Le résistance s'organise contre ce sacrifice sur l'autel de la mondialisation : Thierry Spencer - Le sens du client, dans la liste à gauche, a pris la tête de la fronde.

MarketingIsDead : Tu as créé une page sur facebook "Sauvons kiss cool" : pourquoi sauver Kiss cool ?

Thierry Spencer : Kiss Cool est une marque qui jouit d'une notoriété spontanée très bonne en France, notamment par ses campagnes de publicité remarquables.

Tout le monde se souvient du "double effet Kiss Cool" par exemple. Moi qui me suis battu comme directeur marketing pour acquérir de précieux points de notoriété avec mes campagnes de publicité, j'ai eu vraiment mal au coeur comme professionnel de voir ce gâchis.

J'ai d'abord fait un courrier à Cadbury pour leur demander pourquoi. La réponse est que la marque Halls est désormais la seule au niveau planétaire et il n'y a pas de place dans le meuble près des caisses des supermarchés pour deux marques sur le même segment. Kiss Cool a été sacrifié sur l'autel de la mondialisation !

Souvenons-nous de Raider qui est devenu Twix ... C'est la même logique, sauf que Kiss Cool est une marque beaucoup plus forte. Si j'étais Cadbury, j'exploiterais encore cette marque pour une nouvelle gamme, pour une série limitée ...

C'est le cri d'un professionnel qui connaît la valeur des choses et c'est aussi la complainte du client malheureux qui voudrait continuer à consommer une de ses marques préférées.

MarketingIsDead : Il y a déjà eu des précédents de marques qui sont revenues sous la pression des consommateurs, ou c'est juste un jeu pour toi ?

Thierry Spencer : J'étais curieux de savoir si on pouvait créer une communauté sur Facebook, sans communication, uniquement avec le bouche à oreille. J'avoue avoir été surpris par le succès de ce groupe qui compte près de 1000 membres qui échangent des vidéos, des photos, des histoires, se prennent en photo avec une boite de Kiss Cool.

Je ne suis pas le seul à regretter Kiss Cool. Le précédent que je connais est au sein du groupe Cadbury propriétaire de Kiss Cool, et en Angleterre avec la marque WISPA réclamée par les clients et exhumée par Cadbury.

Je suis entré en relation avec mes camarades anglais pour leur demander de l'aide. A ce jour pas de réponse. Était-ce une opération téléguidée par Cadbury ?

MarketingIsDead : Finalement, les marques n'appartiennent plus totalement aux marketers et aux entrepreneurs ...

Thierry Spencer : L'ambition de tout marketer est que les clients s'approprient la marque, n'est-ce pas ? Je fais bien la différence entre l'appropriation nécessaire et la propriété ou la responsabilité qui pour moi, ne se partagent pas.

Depuis l'émergence d'Internet il y a une décennie, les clients s'expriment à propos des marques et leur donnent une nouvelle vie au travers des témoignages rendus publics, des avis, des conversations, des échanges. C'est une opportunité formidable pour les marketers, à condition de savoir gérer les communautés de clients sur la toile.

Les marketers et les entrepreneurs doivent rester les propriétaire de la marque mais apprendre à partager et s'enrichir dans ce nouvel écosystème. Le sens du client, c'est savoir écouter et parfois laisser libre le client. Les marketers ont des responsabilités ! Ils doivent gérer leurs marques, avoir des convictions, choisir leurs clients (et donc exclure certains), faire des choix forts, défendre des vraies valeurs (contre l'air du temps et l'avis du plus grand nombre), assumer un positionnement, innover (parfois contre l'avis des clients).

Un système d'autogestion pour les marques est un leurre et une mauvaise idée.

15:54 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook | | Pin it!

11/11/2009

Réconcilier communication et responsabilité sociale

Act.jpgRéconcilier communication et responsabilité sociale ... un sacré challenge que relèvent quotidiennement Act Responsible et sa nouvelle ambassadrice Laurence De Lignac qui, après un parcours qui l'aura conduite des agences de publicité Taxi Jaune et Ogilvy & Mather à Getty Images,vient de rejoindre cette ONG.

MarketingIsDead : Laurence De Lignac, tu viens de rejoindre Act Responsible qui nous a gratifié d'une magnifique exposition en marge de la Journée du Marketing de l'Adetem : peux-tu nous en dire un peu plus sur cette organisation encore trop peu connue ?

Laurence De Lignac : ACT Responsible est une association à but non lucratif qui a pour mission de sensibiliser toute sorte de publics aux causes sociales et environnementales.

Rien de bien original me direz-vous. La particularité de notre démarche est que nous nous appuyons sur le talent des créatifs d'agence de pub pour remplir notre mission.

En effet, concrètement nous collectons de manière permanente le meilleur de la création publicitaire sur les causes sociales et environnementales en provenance des associations, ONG et entreprises des 4 coins de la planète. Puis nous lançons notre collection tous les ans au festival international de la publicité de Cannes - rendons hommage aux créatifs -, pour enfin la mettre à disposition des entreprises, collectivités et institutions. Nous proposons des expos et projections sur ces grandes causes dont la lecture est immédiate et impliquante car visuelle.

Très enrichissante aussi car sur les mêmes enjeux on constate des expressions et discours très différents selon les cultures et pays auxquels on s'adresse.

MarketingIsDead : Communication publicitaire et Responsabilité Sociale des Entreprises ne sont bien souvent associées et associables que sous l'angle du greenwashing : votre démarche n'est-elle pas un peu utopique ?

Laurence De Lignac : En effet, on oppose souvent ces deux cultures car traditionnellement les objectifs semblent incompatibles. C'est une vision passéiste que d'opposer la communication publicitaire et la responsabilité sociale des entreprises. Même si le rôle de  la publicité est avant tout économique - faire vendre - le secteur de la communication, souvent sous la pression de leur annonceurs et des consommateurs, est aujourd'hui en train de changer.

La création de l'ARPP (ex. BVP) comme la charte de l'UDA incitants les annonceurs à s'engager dans des pratiques de développement durable en sont une illustration notable. La réconciliation récente de ces 2 mondes est aujourd'hui évidente, les enjeux dépassent les clivages traditionnels.

ACT Responsible contribue au rapprochement de ces deux cultures et bannit bien évidemment les pratiques de green-washing. Pour lutter contre ces pratiques, il y a un maintenant un cadre réglementaire, des organisations, des collectifs professionnels, ... et des agences conseil qui accompagnent ce changement par leurs recommandations, chartes et formation. ACT Responsible fédère aussi beaucoup d'énergies en organisant des débats, des conférences. Voir par exemple le séminaire avec Kofi Annan et Bob Geldof à Cannes en juin dernier.

ACT Responsible a largement contribué et continu à faire changer les choses.

MarketingIsDead : Comment passe-t-on du marketing traditionnel au marketing responsable et du monde de l'entreprise à celui des ONG ? Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta démarche personnelle ?

Laurence De Lignac : Naturellement ! Lorsque j'étais Directrice Marketing de Getty Images France j'étais déjà très à l'écoute des enjeux du développement durable. Dans le cadre de sa recherche créative, Getty a publié en 2006 une analyse sur la communication environnementale mettant en garde les professionnels de la communication contre l'utilisation des clichés faciles et explorant de nouvelles pistes.

Mon engagement auprès de ACT depuis 2002, née de la formidable rencontre avec Hervé de Clerck et son équipe, prenait enfin tout son sens. Comme souvent, la pub a un temps de retard, mais lorsqu'elle s'empare d'un sujet, elle contribue à en accélérer la diffusion, c'est l'essence même du métier.

Disons que ma démarche s'inscrit dans l'heureuse conciliation de mon expérience professionnelle et de mon engagement personnel et associatif. Que du bonheur !

19:35 Publié dans Interviews | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | Pin it!