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22/02/2010

Les Français boudent-ils ... suite

Concombre.jpgFaisant suite à mon article du 14 Février dernier, évoquant la récente étude : Les Français boudent les plateformes communautaires de marques publiée par Spintank, j'ai adressé quelques questions à Nicolas Vanbremeersch, fondateur de l'institut ; voici ses réponses :

MarketingIsDead : Un internaute sur deux est prêt à venir participer sur une plateforme de marque contre une compensation (cadeau, argent) : l'incentive peut-elle être le vecteur principal pour amener les internautes à dialoguer avec les marques ?

Nicolas Vanbremeersch : Je ne crois pas que l'incentive puisse être le vecteur principal, qui drive la participation. Il faut offrir les deux : une perspective claire, engageante, de participation, et une récompense. Cette récompense peut être symbolique, et pas uniquement matérielle. Et surtout, il faut éviter l'appel à participation purement promotionnel : ne pas donner de sens, c'est attirer le chasseur de prime, qui n'apportera rien d'autre que son contact.

En revanche, ignorer l'aspect transactionnel (je te donne ma participation, j'attends de toi quelque chose en retour) est une erreur.

MarketingIsDead : Comment répondre aux exigences de transparences et d'éthique des internautes quand il y a encore des secrets pas très bon à dévoiler dans une entreprise ?

Nicolas Vanbremeersch : Il y a évidemment beaucoup de  zônes d'ombre et de données confidentielles dans les entreprises, et c'est normal. La question que les entreprises devraient se poser, c'est : "qu'est-ce que je peux metrte en scène, animer, de façon ouverte, qui, objectivement, ne me fera pas mal ?

Quelle information, utilie pour mes clients, est-ce que je retiens pour de mauvaises raisons ?". Cela joue sur plein de domaines : les données de service, des informations pratiques, le partage entre clients, la vie sociale interne et les carrières...

MarketingIsDead : Pour toi, les plateformes communautaires de marques sont-elles plus des outils marketing (innovation, création de produits, relation clients) ou de communication ?

Nicolas Vanbremeersch : Nous présenterons le 9 mars une typologie de ces plateformes. Certaines sont clairement dans le domaine corporate, d'autres ancrées dans les processus d'innovation produit. A chaque fois, l'entreprise peut vraiment réinventer sa relation avec ses publics. Mais dans chaque cas, au-delà de la mode (le "crowdsourcing") et de l'insistance sur les fonctionnalités, il faut se poser la question de la promesse qu'on propose, et du niveau de réponse actuel du web à cette proposition de valeur aux participants : "Qu'est-ce que, compte-tenu de ma problématique, je peux proposer comme engagement à mes publics, pour en faire des collaborateurs actifs ?"

Aujourd'hui, notre analyse d'une cinquantaine de plateformes de marques est toutefois très critique. Beaucoup de ces projets restent des opérations de communication, qui s'habillent de "2.0" pour faire participatif, tenter d'en retirer le bénéfice d'image supposé, sans vraiment proposer un engagement clair et adapté à leurs publics. De fait, beaucoup sont des échecs, par précipitation, ou absence d'ouverture de l'entreprise.

06/04/2009

Rencontre au coeur de l’innovation TGV

TGVLab.jpg

"Vous êtes ici au coeur de l’innovation TGV... Si vous avez des idées pour améliorer le service TGV, que ce soit à bord, avant et après le voyage, n’hésitez pas à nous les soumettre ! Vos idées, vos réactions aux autres idées proposées et aux projets en cours ... nous permettront de construire des services plus proches de vos attentes. Merci d’inventer avec nous les services TGV de demain !", découvre-t-on sur la page d'accueil de tgvlab.com.

Rencontre au coeur de l’innovation TGV donc, avec Laurence Ternois, TGV Lab, et Philippe Pinault, blogSpirit.

MarketingIsDead : Laurence, avant d'être une communauté en ligne, TGV Lab, c'est avant tout la volonté affirmée de la SNCF d'associer le client au processus de développement de nouveaux services : pourquoi une telle démarche collaborative au sein d'une maison à l'image plutôt "traditionnelle" ?

Laurence Ternois : TGVLab est bien plus qu'une communauté en ligne, c'est un programme d'agilité et de réactivité. Mettre les clients au cœur du processus d'innovation cela nous permet de brancher en direct les équipes projets et marketing du groupe avec leurs clients.

Les clients participent et voient leurs idées se matérialiser, les chefs de projets s'engagent et adaptent leur vision, les projets s'accélèrent. TGV lab est un espace de liberté et d'expression à travers la mise en place de communautés de clients et d'agents dont le but est non seulement d'identifier de nouveaux services à fort potentiel mais aussi de les tester auprès des clients.

En effet TGVLab n'est pas seulement une boîte à idées ! Une fois que des idées de services ou d'offres mais aussi de nouveaux concepts de voyage ont été identifiés, les clients les notent et les commentent, que ces idées soient les leurs ou les nôtres. Ils sont embarqués avec nous tout au long du processus d'élaboration des services ou des offres et sont réellement partie prenant dans les choix et les décisions de tout ce qui pourrait être mis en place pour améliorer leur voyage en train.

Cette interaction avec les clients et les agents au sein des communautés pousse les équipes VFE à se remettre en cause grâce au regard actif, volontiers critique mais souvent bienveillant des contributeurs.

MarketingIsDead : Entre des "laboratoires" où l'on dialogue discrètement avec ses clients, et un site collaboratif sur la toile, il y a un sacré pas : n'y a-t-il pas un réel risque à s'exposer ainsi à tous, à ses compétiteurs et surtout à ses propres clients ? Surtout quand ils peuvent avoir des reproches à formuler ...

Laurence Ternois : Pour l'exposition à la concurrence, je pense que le problème n'est pas d'avoir des bonnes idées mais surtout d'avoir la capacité de les transformer. TGVLab c'est également une usine à lancer des projets expérimentaux et mettre sur le marché en moins de 6 mois de nouveaux services.

Concernant les reproches, il est intéressant de mentionner que nous n'avons eu à modérer qu'une seule conversation d'un internaute qui n'était pas respectueux depuis l'ouverture des communautés en novembre en sachant que les membres de la communauté avait déjà modéré eux même la conversation. La posture de co-construction est comprise dés l'entrée dans la communauté ce qui conditionne l'esprit avec lequel les internautes participent.

Le fait de proposer un espace dédié à la co-construction permet de dialoguer directement et ouvertement avec les clients. S'exposer est le seul moyen de montrer aux clients qu'ils sont au centre de la réflexion de la SNCF et cela permet de s'assurer que l'on répond à leurs préoccupations quotidiennes et que l'on définit des services adaptés à leurs problématiques, Les reproches sont aussi une manière de progresser.

J'en veux pour preuve le lancement de la communauté pour les familles dont le but est de co-construire avec elles un TGV pour familles avec des services et des animations spécifiques. L'idée est venue d'un reproche récurrent de la part des familles sur le fait qu'il était difficile d'occuper les enfants pendant les trajets en train et des clients sans enfant qui se disaient déranger par l'agitation des enfants.

MarketingIsDead : Lors d'une récente conférence à l'Adetem, le 13 février dernier, tu as parlé d'une démarche "d'entreprise 2.0" : pourrais-tu définir en quelques mots ce que tu entends par là ?

Laurence Ternois : Dans le programme TGVLab nous avons des outils qui permettent d'accélérer les projets (diagnostic rapide, usines à expérimentations, projet réalisés en express, modes alternatifs).

Pour que ces outils de réactivité et d'agilité se mettent en place, il nous fallait préparer également que l'entreprise soit prête à travailler autrement. Pour cela nous avons développé des communautés internes qui partagent leurs pratiques et se challengent sur leurs projets et remontent des opportunités.

Une d'entre elles regroupe 40 managers de l'ensemble du groupe et croise 4 fois par ans des start up et PME pour intégrer de nouvelles opportunités au sein du groupe. C'est ce bouillonnement et cette liberté offerte à tout ceux qui veulent réaliser et se réaliser au sein du groupe que j'appelle l'entreprise 2.0

MarketingIsDead : Philippe, après les blogs, BlogSpirit se lance dans les plateformes collaboratives : quel sera le next step ?

Philippe Pinault : Les entreprises comprennent aujourd’hui l’intérêt et les opportunités d’être à l’écoute et de dialoguer avec leurs communautés, en interne comme en externe. blogSpirit, à travers des solutions de blogs, des plateformes de blogs et des plateformes participative et communautaires à vocation à les accompagner dans la maîtrise de ces espaces participatifs.

Nous pensons que 2009 sera une année importante qui verra la sortie d’un grand nombre de ces plateformes d’écoute et de dialogue ; aussi, nous avons une road map produit ambitieuse (que nous confrontons d’ailleurs avec les retours d’usage de nos clients) sur laquelle nous allons consacrer un investissement important.

Les next steps ? accompagner nos clients dans la création, le développement et la valorisation de leurs communautés à travers des solutions de type « réseau social ». Il est encore tôt pour en parler, l’occasion de t’en reparler une prochaine fois ?

17/03/2009

Développement durable 2.0

BerhaultFoto.JPGGilles Berhault, président de l'association Acidd - Communication et information pour le développement durable - et du forum européen TIC21, vient de publier Développement durable 2.0 : L'internet peut-il sauver la planète ?

Vaste programme qui méritait quelques éclaircissements ... même si le livre se lit très aisément.

MarketingIsDead : Evoquant le développement des blogs, tu précises : "S'exprimer et informer sont deux choses différentes. Avoir quelque chose à dire n'est pas forcément faire du journalisme". J'adhère volontiers à ton propos, mais ... comment vois-tu l'avenir du journalisme ?

Gilles Berhault : Les journalistes, comme les autres, pour non seulement survivre mais renforcer leur rôle dans la société, doivent accepter que le monde, devenu communicant et interconnecté, vit une profonde révolution, sous la convergence de trois composantes : la globalisation, les civilisations numériques, les limites environnementales et sociales.

Nous avons quitté, même si nous avons besoin pour le comprendre de se mettre en rupture avec nos références éducatives, un monde d'abondance de ressources et de rareté de l'information. Nous commençons même clairement à vivre le contraire ; les journalistes doivent être évidemment des guides dans ces montagnes d'information.

Ils peuvent être aussi ceux qui prennent le temps de structurer de la réflexion, ceux qui nous forment à la gestion de l'information, ceux qui créent de la transversalité … Leur formation ne peut plus être la même, leur mode de rémunération non-plus. La loi Hadopi n'apporte aucune solution, elle n'apporte qu'une pseudo nostalgie d'une situation rêvée pour les journalistes et les artistes.

Nous avons à trouver une nouvelle place pour les journalistes dans un monde 2.0 en mouvement, et à inventer de nouveaux modes de rémunération, plus durables eux-aussi (et pour tout le monde pas seulement pour les journalistes).

MarketingIsDead : Tu évoques une économie 2.0 qui ferait "coexister développement personnel et progrès collectif sans jamais les opposer", ce qui te conduis à appeler de tes voeux un système économique autrement plus moderne et performant que le capitalisme du marché traditionnel" : mais les "capitalistes du marché traditionnel" ne vont pas vouloir renoncer à leur quête du bénéfice égoïste ...

Gilles Berhault : Le pouvoir se prend, il ne se donne pas. Évidemment, on ne peut structurer un nouveau projet collectif uniquement en comptant sur la bonne volonté de ceux qui en ont profité le plus. Ce serait considérer qu'ils ont fait des choix en totale inconscience. Ce n'est pas le cas.

L'économie durable 2.0 est en train de se construire en un éco-système plus ouvert et plus participatif … et plus équitable. Nous vivons l'absolue échec de la centralisation. Internet est avant tout ce qui permet de produire et de distribuer localement… sauf quand on parle de biens totalement dématérialisés, mais alors qui commercialisent sans intermédiaire.

L'exemple le plus frappant est ce que on appelle couramment les Green Techs et la croissance verte. Si on essaye de rebâtir le même projet, sur les mêmes fonctionnement, sauf que l'on vend des énergies renouvelables et pas du pétrole, on n'y arrivera pas.

Le développement durable, c'est une question de cohérences et de préservation globale des équilibres environnementaux, sociaux, économiques, culturels et territoriaux, de façon synchrone. Si on privilégie l'environnement au détriment du social on a perdu … Si on développe des green techs dans des start up au mépris des règles sociales les plus évidentes, on ne fait que construire une bulle qui exploser encore plus fort.

MarketingIsDead : Le monde vers lequel nous nous dirigeons (ou devrions nous diriger) devrait être plus ouvert que celui dans lequel nous vivons ; mais les politiques, sous la pression des lobbies, veulent restreindre nos libertés : la récente loi (contre le "piratage Internet") en est la preuve.

Ce n'est pas la société française qui est bloqué, ce sont les politiques et les médias (Roland Cayrol).

Nous vivons le même type de résistances des politiques que des acteurs d'une économie que l'on peut qualifier d'ancienne, d'avant le développement durable, d'avant l'économie de la connaissance, d'avant la crise.

L'Internet est un gigantesque amplificateur. Il peut aussi servir à mieux contrôler, manipuler … C'est aussi le grand fantasme des marketeurs politiques et de la grande consommation. IIs ont voulu quitter la séduction, la démonstration qui permet de convaincre qu'on est le meilleur, au profit d'une manipulation qui joue le plus souvent sur des instincts destructeurs : jalousie, possession …

La vraie question de fond est d'accepter le grand choc culturel. Peut-on accepter la rupture profonde vers l'économie de la fonctionnalité, vers l'entreprise durable 2.0 ? Accepte-t-on demain à 9 milliards sur cette planète de reconsidérer nos vies, non pas sur la restriction, la culpabilité, mais plutôt sur le partage et la créativité.

C'est pour cela que je parle de Développement durable 2.0. Celui de la construction joyeuse et positive.

25/02/2009

Le Marketing 2.0 vu par ... Yves Duron*

YD.pngEt vous, êtes-vous prêt pour la communication many to many ?

Avec le développement des technologies et leur appropriation massive par les internautes, rien n'est plus comme avant ! Voilà que chacun se professionnalise et devient, un peu plus chaque jour, critique littéraire sur Amazon, journaliste sur Agoravox, photographe sur Fotolia, éditorialiste sur son blog, inventeur sur un wiki dédié aux énergies nouvelles, réseauteur sur Facebook, psychologue sur Doctissimo ...

Face à ces transformations rapides et profondes, il y a de quoi perdre ses repères. En témoignent ces exemples de journalistes qui oublient ou ne savent plus vérifier leurs sources dès lors que l'information est liée au web (voir l'épisode du faux président de Facebook invité sur les plateaux télé), de responsables marketing qui cherchent maladroitement à être présents sur les derniers réseaux sociaux à la mode pour être dans le coup ou à faire du buzz autour d'un blog sans grand intérêt, de responsables de communication qui tentent de contrôler l'information en inondant les espaces d'échange de contributions d'internautes construits de toute pièce.

Malheureusement - ou plutôt heureusement - dans ces espaces d'échanges, un contributeur n'est crédible que s'il a su se forger une identité et une réputation numérique. Toute intervention anonyme est rapidement identifiée comme une tentative de manipulation. Se pose ainsi pour les entreprises et les professionnels, l'angoissante question de l'identité numérique dans un monde many to many. Qui suis-je ? Comment suis-je perçu quand l'avis d'un simple internaute mécontent a plus de poids qu'une massive et coûteuse campagne de pub ? Comment tous ces gens, enfants de la longue traîne, si différents les uns des autres, critiques, exigeants, informés, imprévisibles vont-ils connaître, apprécier et acheter mes produits ?

La bonne nouvelle est que ces internautes se transforment aussi en chercheurs, chefs de produits, vendeurs, techniciens de support, évangélisateurs ... pour peu que vous sachiez répondre à leur demande de participation et à leurs attentes.

Ce qu'ils attendent de vous ? Les meilleurs produits et services, de la transparence, une éthique, en d'autres mots que vous changiez le monde, en mieux, comme le suggère Guy Kawasaki.

Pour le reste, faites leur confiance.

* Directeur - Nextmodernity

23/02/2009

Le Marketing 2.0 vu par ... Violaine Sanson-Tricard*

sanson-violaine.jpgCommunication à 360 ° : où va se nicher la mode ...

C'était au siècle dernier. On ne pouvait pas ouvrir Stratégies ou CB News sans découvrir une longue liste de budgets Internet gagnés par les agences.

Les sites de communautés faisaient partie des gros budgets médias, au nombre desquels, par exemple, celui des adorateurs de la carotte naine. L'argent était donc là, tendu par des investisseurs convaincus de l'imminence d'une manne publicitaire certaine.

A l'autre bout des billets, quelques marques pour tomber dans le panneau, et pour payer le plus haut coût au contact de l'époque. Les sommes n'étant pas astronomiques, les dégâts furent  limités.

Mais il est frappant de constater que, dans un domaine où la compétence des experts en médias est techniquement incontestable, le bon sens s'évanouit devant le moindre phénomène de mode.

Où est passée l'audience de Second Life ? Probablement sur My Space. Pourtant, Second Life avait été le phénomène star de l'année 2006. Les grandes marques mondiales y achetaient des îles pour les transformer en magasins, et les DRH de sociétés cotées y avaient envoyé leurs avatars pour recruter la crème de l'élite. En coulisses, on avouait que le bilan de l'opération était décevant (propos euphémistique : le chiffre des visites variait de zéro à quelques dizaines d'entretiens).

Pour revenir au siècle dernier, on peut aussi rendre hommage à la créativité des régies publicitaires de radio ou de TV qui ont boosté leurs ventes pendant des années avec un concept hilarant :  la journée - ou le week-end - dédiée à une marque. L'argument de vente était la création d'un événement spectaculaire  pour la marque, qui estomaquerait ses consommateurs en occupant l'antenne toute une journée.

Vous en connaissez beaucoup, des gens qui restent collés à Europe 1 de 6 heures du matin à minuit ? Et quand bien même ils existeraient, et feraient de surcroît partie de votre cible (plus inquiétant pour votre marque...), il leur serait difficile de constater que la marque « occupe l'antenne » puisque qu'elle aurait partagé tous les écrans de la journée avec d'autres annonceurs. Pourtant, de très grands annonceurs, conseillés par de très compétents prestataires, ont investi de très gros budgets sur ce genre d'opérations.

* Fondatrice - vst-open