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24/06/2008

Une musique bien vivante

604bf31176dfb34382f9c24826276ede.jpgLes ventes de disques en chute libre ? Triste réalité pour les majors … mais par pour (tous) les artistes.

La Sacem vient de publier ses comptes : beau fixe ou presque puisque « après une baisse de 0,2 % des perceptions en 2006, les revenus de la plus grosse société de collecte et de redistribution de droits d’auteur en France ont augmenté de 0,4 % en 2007, à 759,1 millions d’euros », selon Libération.

Mais attention : représentant aujourd’hui un plus 15% de l’ensemble, contre 21% il y a cinq ans, les droits liés au disque continuent leur descente aux enfers, certainement pas compensés par le téléchargement "légal" qui plafonne à moins de 1%.

Télévision et radio stagnent tandis que les droits liés aux concerts progressent de 8,7% : bref, la musique vivante se porte bien.

En d’autres termes, le nouveau projet de loi Hadopi de la Ministre de la Culture et de la Communication, Christine Albanel, projet destiné à succéder à la loi DADVSI morte née, et visant à réprimer plus efficacement le téléchargement "pirate", ne cherche en aucun cas à protéger la musique – qui se porte bien – mais l’industrie musicale, ce qui ne constitue pas du tout le même combat : la défense de 4 majors et quelques dizaines de riches artistes, ce n’est pas celle de la musique vivante.

Les majors, on les connaît ; les artistes qui engrangent de savoureux bénéfices de la vente de leurs disques, également : ils sont 52 à avoir lancé un appel à lutter contre le téléchargement illégal dans le Journal du Dimanche – ça tombe bien, il n’y en a pas un seul que j’aime vraiment, je préfère le rock !

Les autres artistes, ceux que les majors assassinent de leurs contrats léonins – et ne touchent souvent pas un centime des ventes de leurs albums – ces artistes préfèrent que la musique circule librement sur la toile : au moins, ça leur fait de la publicité pour leurs spectacles … ça leur donne l’impression d’exister vraiment, en dehors et malgré les multinationales de l’édition musicale.

Bien sûr, pour illustrer ce papier, rien de tel que la pochette du dernier disque de Manu Chao qui lui se range généreusement aux côtés des artistes de la rue : à écouter plutôt que Etienne Daho, Christophe Maé, Kery James, Sinik, Francis Cabrel, Patrick Bruel, etc. : la suite sur le Journal du Dimanche !

14/10/2007

Les majors, fin de partie !

ccff7e53ee193bba35da20b7db7d3421.jpgQuand les Arctic Monkeys1 ont inscrit leur premier album au sommet des charts en Angleterre, simplement après avoir offert leur musique en téléchargement gratuit sur leur site Internet, dans leur très grande majorité les professionnels de l’édition musicale n’y ont vu qu’un épiphénomène – « Allez donc, ils n’avaient rien à perdre, juste un coup de pub, mais tout rentrera bien vite dans l’ordre » !

Quand Manu Chao se classa plus récemment parmi les 10 meilleures ventes sur le site de la Fnac après avoir longtemps offert Rainin' in Paradize, l’une des principales chansons du CD, en téléchargement gratuit sur son site Internet2, dans leur très grande majorité … bis repetita ! « Allez donc, un marginal qui fraye avec les artistes des rues » !

Quand David Bowie déclarait à Libération lors de la sortie de son album Reality en 2003 : « J’imagine que la musique changera pareillement dans son essence et sa fonction. Aussi accessible que l’eau et l’électricité, il ne sera plus indispensable de payer pour l’avoir et elle ne sera plus le bien exclusif de quiconque. Et l’originalité des artistes ne se fondera plus que sur le spectacle », dans leur très grande majorité … bis bis repetita ! « Allez donc, un has been dont plus aucune maison de disque ne veut » !

A la même époque, je notais dans La grande mutation des marques high tech : « Ainsi très certainement un jour les majors s’effondreront-elles : mais à quelle vitesse ? Il suffira que de nouveaux "Beatles" émergent sur la toile, totalement en marge des circuits classiques, et fondent leur succès sur ce modèle alternatif, pour que tout bascule très vite ».3

Et voilà que Radiohead, groupe mythique de la pop anglaise de la trempe des Beatles ou des Pink Floyd, un groupe avec qui toute maison de disque aimerait signer, les majors en tête, Radiohead donc sortait le 10 Octobre dernier un nouveau CD … sans contrat avec aucune maison de disques !

Un simple message posté sur le blog du groupe – Dead Air Space4 – annonçait l’événement à la communauté des fans … et le buzz a joué à plein, très, très vite ! D’autant que si l’album n’était pas en téléchargement gratuit, c’est l’internaute qui en fixait le prix lui-même le prix !

Et le tiers qui choisirent de ne rien payer reçurent leur lien de téléchargement, comme les autres.

Le 12 Octobre, le site français radiohead.fr5 annonçait déjà 1,2 millions téléchargements, excusez du peu !

En passant outre maisons de disque et distributeurs – et malgré 30% de téléchargements gratuits – Radiohead gagnera certainement autant qu’avec certains de ses précédents opus : certains internautes ont même choisi de payer nettement plus cher que le prix courant ! Simplement, ils inaugurent une nouvelle ère où les artistes dialoguent directement avec leur public.

Si non seulement les nouveaux entrants, les marginaux, les has been, mais maintenant les stars montrent que les artistes peuvent aisément se passer des majors, le futur de la musique n’aura jamais été si près !

Il est clair que la mission chargée par la Ministère de la Culture de réfléchir sur "La lutte contre le téléchargement illicite et le développement des offres légales d'oeuvres musicales, audiovisuelles et cinématographiques" – dite Mission Olivennes – devrait se saborder plutôt que de proposer des mesures aussi antédiluviennes telles que la « mise en œuvre d’un système d’avertissement en cas de téléchargement illégal et de sanction proportionnée en cas de récidive ».6

Cela étant, à la décharge de son président, par ailleurs patron de la Fnac, ce dernier n’est peut-être pas totalement au fait de l’actualité musical de la pop anglaise : In Rainbows manque évidemment à l’appel dans ses bacs !

Quand au disque lui-même, après des mois et des mois de silence – plus un album solo de Thom Yorke et une tournée pour renouer le dialogue avec son public – il surprend au premier abord, comme tous les grands albums du groupe.

Bref, un grand cru !

1 Voir ma note du 13 Mai 2006.

2 Voir ma note du 08 Septembre 2007.

3 François Laurent : La grande mutation des marques high tech, Village Mondial, 2005.

4 http://www.radiohead.com/deadairspace/

5 http://www.radiohead.fr

6 Libération, 13 et 14 Octobre 2007.

11/07/2007

Un blog est né… again !

2770d0bd85d0ff2bfd8121cb7539c7ee.jpg… celui de mon copain Jérôme Martin, et en plus, il parle de musique… et même de musique pop : vous dire si je suis content !

Et je viens même de découvrir grâce à lui le dernier opus de Kaiser Chiefs : Yours Truly Angry Mob ! Un régal !

Mais comme Jérôme en parle mieux que je ne saurais le faire, rendez-vous sur :

http://fantastic5.blogspirit.com

Un blog à lire, mais surtout à écouter. Si, si, à écouter, vous verrez !

 

04/04/2007

Chronique d’une mort annoncée : j’avais raison !

medium_Pomme_croquee.2.jpgSous le titre : Chronique d’une mort annoncée, j’écrivais dans ces colonnes, le 8 Septembre 2006 : « Je souhaiterais évoquer le cas d’Apple – et plus particulièrement de son offre musicale fondée sur le trinôme : marque / produit / services ».*

Et de pointer du doigt parmi les défauts gravissime dans la cuirasse de la firme de Compertino le verrouillage de l’ensemble « par un standard privatif, l’Advanced Audio Coding : les fichiers iTunes ne sont lisibles que sur les baladeurs… iPod ».*

Vous allez me dire : Apple ne s’est jamais si bien porté… et c’est vrai !

Sauf que Steve Job, le pourfendeur absolu de l’interopérabilité – en bon français, la possibilité de lire sur tout baladeur les fichiers en provenance de n’importe quelle source ;

Steve Job qui vilipendait la loi Dadvsi – qui instaurait timidement cette interopérabilité – parce qu’allait faire « s'effondrer les ventes de musique en ligne juste au moment ou les alternatives légales commençaient à séduire les clients »* ;

Steve Job qui parlait de « piratage sponsorisé par l'Etat »* ;

Steve Job donc, vient de passer avec armes et bagages dans le camp adverse… et de signer un accord historique avec le président de EMI, Eric Nicoli, en acceptant de vendre sans verrou aucun l’intégralité du catalogue de la maison de disque, de Norah Jones à Gorillaz en passant par Robbie Williams.

Retourner sa veste et avaler des couleuvres est certainement moins dramatique que mourir au front : mais, in fine, j’avais raison : la position de Steve Job était intenable et suicidaire.

Au delà de l’anecdote – l’honneur et les affaires n’ont jamais fait bon ménage -, cet accord me semble ô combien historique : il marque une nouvelle et capitale étape vers la disparition totale et définitive des DRM – les fameux Digital Rights Management – censés protégés les contenus numériques contre le piratage… et qui ne font que générer le piratage.

Ils génèrent le piratage parce que les hackers les cassent plus vite que les firmes les mettent au point… et que dès lors, il est plus aisé de récupérer un fichier mp3 sur le P2P que l’acheter sur iTunes.

Mais surtout, les DRM apparaissent comme l’ultime combat d’arrière-garde de professions qui n’ont pas compris que le monde évoluaient bien plus vite qu’elles ne le réalisaient – et surtout qu’elles n’étaient capables de s’adapter.

Car il n’y a pas que la musique qui est concernée : le livre, et plus particulièrement l’édition scientifique et professionnelle, entre aujourd’hui en pleine zone de turbulence. Et d’ailleurs, les DRM se sont invités en guest stars au dernier Salon du Livre !

Normal : les auteurs se trouvent de plus en plus confrontés à des éditeurs incompétents, qui ne s’intéressent qu’aux pré-ventes sans trop se soucier des contenus… et qui oublient que bien des auteurs préfèreraient voir leur pensée circuler gratuitement plutôt que de rester sans promotion en fond de rayons.

Un peu comme bien des artistes qui diffusent gratuitement leur musique sur Internet pour attirer les jeunes dans les salles de concert. Un peu comme les Artic Monkeys et Clap Your Hands Say Yeah : si ces noms ne vous disent rien, jetez un œil sur ma note du 13 Mai 2006.

* Voir ma note du 08.09.2006