11/01/2010
Pas si d'équerre que ça !
Parmi ses "innovations majeures", Black&Decker revendique en 1994 "le système sans fil de batteries interchangeables VersaPak® (qui) peut actionner un large ensemble d'outils d'atelier, d'extérieur et d'intérieur", comme le précise le site de la marque.
VersaPak se présente une grosse batterie cylindrique rechargeable, qui peut s'utiliser dans toute une gamme d'outils électriques comme tournevis, perceuses, etc.
Il en faut deux par appareil, et ce n'est pas donné : en fait, un seul jeu coûte le prix d'un appareil sans marque complet ! Mais c'est pratique : on peut en mettre un en charge quand l'autre est en usage, on peut les transférer d'un outil à un autre ; pour un gros bricoleur du dimanche, c'est plutôt bien, bref, derrière, un vrai insight marketing comme on les aime - ou on aimerait plus souvent en rencontrer !
Et la marque de se vanter, toujours sur son site : en 1998, "parmi les produits qui se détachent sur le marché nord-américain, [...] le combiné 4-en-1 Quattro 7,2 V avec batteries VersaPak®".
Par contre, la marque se montre nettement plus discrète sur le remplacement du système VersaPak par un nouveau trio de batteries aux noms nettement plus neutres : A12, A14 et A18, les cabinets spécialisés dans la création de marques n'ont pas dû être trop sollicités.
Pourquoi un tel changement ? Progrès technologiques ? Contraintes écologiques ? Ou simple amour du fric ?
Il y a quelques jours, je m'attarde à la boutique Black&Decker de Troyes et cherche à acheter un jeu de batteries VersaPak, pour remplacer celui acquis quelques années plus tôt et qui venait de me lâcher : "C'est fini, on ne fait plus".
Et je fais quoi, de ma visseuse Black&Decker ?
"Regardez sur Internet, il en vende encore chez Amazon" ... oui, sur Amazon.com, le site américain qui propose un jeu de deux VP143 Versapak Gold pour $30.40 ... avec la précision suivante : "currently, item can be shipped only within the U.S". Gagné !
Reste le site français Piles minute.com : 35€ la batterie, soit 70€ la paire, puisqu'il en faut deux ! Soir un prix supérieur à celui d'un tournevis électrique Black&Decker neuf : ça sent un peu l'arnaque.
Surtout, ce n'est pas très écologiquement responsable : jetez, jetez, Black&Decker est passé de la recherche du bon insight à celle du profit non justifié ! Tant pis pour le consommateur et la planète.
Car ne me dites pas qu'il est techniquement impossible de produire et commercialiser des batteries respectant toutes les nouvelles directives en matière d'environnement et compatibles avec les outils existants ... en admettant que l'arrêt de la gamme VersaPak soit liée à des contraintes règlementaires.
Sinon, il ne restera qu'à mettre Black&Decker au ban des marques non responsables.
Bien sûr, il peut y avoir d'autres motifs, plus nobles que ceux que j'imagine : c'est pourquoi, alors que j'achève ce papier le 3 Janvier au soir, je ne le publierai que le 11, après l'avoir envoyé au service presse de la marque, ici, en leur proposant d'apporter les précisions nécessaires.
Question. Qui a écrit ces lignes : "Nous nous engageons à réduire l'impact de nos activités sur l'environnement en adoptant des priorités en matière d'environnement, de santé et de sécurité, et en intégrant des critères écologiques dans les phases de conception et de fabrication des produits" ?
Réponse : le Président du conseil, président et président-directeur général (ouf !) de Black&Decker. Ici.
Lundi 11 Janvier
Pas de réponse de Black&Decker, soit le service presse de la marque - l'agence Terre de Roses - n'a pas jugé utile de transmettre, soit l'industriel n'a pas daigné se soucier d'un simple blogueur ...
Par contre, hier dimanche, je suis passé chez Leroy Merlin : pour bien mois cher que le prix de deux batteries VersaPak, il y avait de superbes tournevis électriques sans fils, 33€, batterie incluse !
J'ai renoncé à acquérir de nouvelles batteries VersaPak, quand elles seront mortes, je les jetterai ... et les outils Black&Decker correspondants.
De même que je raierai la marque de mon répertoire de marque : vous savez, ce petit truc que l'on a dans le cerveau, là où l'on conservela trace des marques que l'on est susceptible d'acheter - encore un vieux concept marketing !
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