15/10/2008
Politique is dead
Le combat politique des années 60 à 80 (des premières années de la 5° République) fut celui de l'équité contre l'efficacité ... et du rôle sous-jacent de l'état : partageons ressources et revenus - et il revient alors à l'état d'organiser et gérer ce partage - ou laissons faire l'économie de marché - et l'état se contente ... De quoi faire, en fait, puisque ce n'est plus lui qui détient réellement les cordons de la bourse !
Même si la gauche se libéralisait à grands pas - dès le gouvernement Fabius -, les grands rendez-vous comme l'élection présidentielle demeuraient sur le registre partage versus efficacité : en 2002, Jospin incarnait encore les 35 heures versus un Chirac dont le Gaullisme conservait malgré tout un dernier (et très léger) parfum d'interventionnisme (pour les plus nostalgiques).
L'élection de 2007 marque le ralliement complet des socialistes à l'économie de marché, à une pensée libérale qu'ils avaient jadis combattue : dès lors, la frontière gauche / droite se déplaça à gauche du parti socialiste ... et désormais seuls des partis ne pouvant prétendre accéder au pouvoir incarnaient l'alternative au libéralisme, ce qui peut expliquer aujourd'hui le capital sympathie dont bénéficie Besancenot.
Crise financière oblige, les politiques européens découvrent que le libéralisme absolu ne fonctionne pas - parce que l'intérêt immédiat de quelques uns ne saurait correspondre à celui de la majorité et surtout garantir la stabilité de l'ensemble ; ou parce qu'un système qui laisse accéder au pouvoir (le financier, pas le politique) des escrocs de haut vol (hier baptisés artistes de la finance internationale), ne saurait perdurer.
Donc découvrant que le libéralisme absolu ne fonctionne pas, nos politiques se lancent dans l'interventionnisme tout va ... et caricature, ce sont les gouvernements les plus à droite, donc le français, qui prennent des mesures que notre gauche n'osait même plus évoquer.
Ce qui signifie, un, que le système est plus que pourri - pas besoin de dessin, tout le monde est au courant - et que, deux, la pensée unique qui prévaut de Sarkozy à Royal en passant par la quasi totalité du personnel politique ayant été ou pouvant prétendre au pouvoir, que cette pensée unique est simplement erronée.
Certains applaudiront le pragmatisme de nos dirigeants occidentaux ; je préférerais souligner leur incompétence. Le problème aujourd'hui, c'est que nous ne disposons pas réellement de doctrine de substitution ... ni semble-t-il, de personnel compétent pour en proposer une.
Politique is dead ? On pourrait au moins parler de mort clinique même si d'aucuns s'agitent et tentent d'appliquer des solutions "miraculeuses" en totale contradiction avec toutes les idées pour lesquelles ils se sont jusque là battus.
Certainement serait-il plus juste de titrer "Politiques are dead" - même si le jeu de mots fonctionne moins bien.
Toutefois si l'on considère qu'aujourd'hui, c'est plus des trois quarts du personnel politique français qui se sont trompés en préconisant peu ou prou une économie de marché très peu encadrée (bel euphémisme), mon titre est peut-être encore plus près de la réalité ... ce qui ne va réconcilier nos contemporains avec la chose publique !
08:27 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | |
Commentaires
Remarquons tout de meme qu'il existe heureusement une troisieme voie entre la deregulation a tout va et l'economie administree, qui ont l'une et l'autre demontre leur inanite: la social-democratie, une idee d'avenir a reinventer sans cesse. Ce n'est pas parce que ce courant est actuellement mal defendu ou mal ecoute ("Il n'y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre") que le debat economique devrait se resumer a un affrontement entre Toni Negri et Morgan Greenspan. Ou alors, c'est a se tirer une balle...
Écrit par : Riwal Ferry | 16/10/2008
Il y a bien longtemps que la social démocratie se couche devant les grandes entreprises qui croyaient détenir solidement le pouvoir économique. Les zozos de la finance essentiellement virtuelle ont montré qu'ils pouvaient semer la panique dans ce bel ordonnancement d'hypocrites.
Malheureusement la gauche dite de gouvernement n'a jamais eu le courage d'affirmer le besoin absolu de régulation du capitalisme. A l'heure de l'instatanéité des communications le besoin est pourtant plus qu'évident. Mais il fallait se donner des airs de bons gestionnaires... des intérêts des nantis.
Devant la munificence de nos "élites" politiques à l'égard des crapules de la finance internationale qui continuent sans vergogne à spéculer, on ne peut qu'avoir honte devant le milliard d'êtres humains qui crève de faim....Sans doute un jour, ils nous demanderont des comptes !
Le capitalisme sauvage de la fin du 19éme et du début du vingtième auquel nous sommes revenu mais avec en plus des moyens technologiques hyperpuissants) avait au moins cela de bon que le failli se brûlait la cervelle.....
Je suis un homme de gauche (sans savoir trop ce qu'elle est aujourd'hui en France) désemparé !
Écrit par : Alain TRIPIER | 16/10/2008
Cher François,
Non la politique n'est pas morte (pas plus que le marketing) mais bien au contraire plus nécessaire que jamais comme le marketing d'ailleurs. Les trente dernières années écoulées correspondent à un moment de l'histoire qui s'achève.
Nous recollons au contraire avec le fil de la modernité comme je cherche à l’établir depuis quelques temps (la participation est de ce ressort) ou comme le professeur américain, Ted Turner, "From Counterculture to Cyberculture" l’a publié en 2006.
San Francisco fut au cœur du mouvement hippie comme il le fut pour Internet et cette similitude n'est pas le fait du hasard mais bien d'un travail universitaire engagé à Stanford & Berkeley dans le courant du XX°. Les travaux de l'école de Palo Alto dans les années cinquante avaient aussi contribué à cette évolution.
De la même manière Paris fut au cœur de la réflexion intellectuelle dans le courant du XX° siècle et il n’y a pas de raison qu’il n’en soit pas encore ainsi…à condition de travailler, échanger, débattre et nourrir les idées qui gouverneront le monde.
N’oublions jamais que les victoires libérales de Reagan & Thatcher furent précédées de la victoire des idées libérales. Milton Friedman a publié son premier livre en 1962 soit 18 ans avant les victoires électorales de ses protégés. En France, les idées de droite mènent aussi le débat politique depuis 1989 soit les mêmes vingt années.
Donc cher François, cher Alain ne soyez pas, (trop) désemparé bien au contraire. La victoire probable d'Obama annonce sûrement un renouveau comme le furent en leur temps les élections de ses grands prédécesseurs démocrates, Roosevelt & Kennedy. N'oublions pas que 1932 (la grande dépression) et 1960 (la guerre froide) n'étaient pas des années de rose et qu’elles avaient été précédées d’Administrations Républicaines convaincues.
La tâche peut paraître rude, mais elle est plus nécessaire que jamais et seule la réflexion et l'échange des idées que tu as si bien engagé depuis quelques années permettra bientôt une relance similaire à celle qui va débuter en 2009 outre-Atlantique.
Enfin je dois avouer que mon propos repose bien évidemment sur une victoire d'Obama qui est aussi importante pour les Américains que pour le reste du monde. Il nous faut croiser les doigts car dans le cas inverse, encore plus de réflexion et de combat, il faudra.
Dans le laps de temps et pour les plus désœuvrés je ne peux que vous recommander la lecture (relecture) de Pierre Mendès-France et par exemple "la République Moderne" car bien sûr trois fois oui à la social-démocratie.
Bien amicalement
Thierry
Écrit par : Maillet | 17/10/2008
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