Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/10/2008

Un Français au Japon

Nara.jpgDepuis de longs mois, je vous parle des dernières tendances, des dernières péripéties japonaises découvertes à le lecture de la blogosphère - non pas japonaise, je ne parle pas la langue de Murakami, mais des Français expatriés au Pays du Soleil Levant.

Cet été, j'y ai séjourné 3 semaines - il était temps : parler sans cesse d'un pays où l'on n'a jamais mis les pieds - et y ai rencontré Frédéric, à Nara, une magnifique petite ville du Kansai. Frédéric, un Français passionné de photo et de pêche, et qui s'est prêté au jeu de cet interview ... épistolaire, puisque nous sommes restés en contact après mon retour en France.

Sa vision du Japon est très riche : elle casse certains préjugés, et m'a permis de préciser la vision superficielle de 3 semaines de vacances qui fut la mienne.

Enfin, n'hésitez pas à cliquer sur ce lien, vous y découvrirez de magnifiques photos tirées de sa galerie personnelle.

MarketingIsDead : Qu'est-ce qui t'a amené à venir t'installer au japon ?

Frédéric : Après un simple BTS CI en poche et la traduction d’un livre japonais sur le management des nouvelles technologies en français, la recherche d’emploi s’est révélée être une véritable traversée du désert. Mon épouse japonaise, rebutée par la vie parisienne, m’a finalement convaincu que notre avenir était au Japon. Cela fait bientôt 3 ans maintenant et tout va très vite.

MarketingIsDead : Quel est le plus grand choc culturel, pour un Français qui s'installe au Japon ?

Frédéric : Je suis venu en tant que stagiaire lors de mon premier séjour. J’ai pu observer la vie à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise. Le plus surprenant lors de la vie quotidienne, c’est que tout est à l’envers de la France.

Par exemple, il est possible de retirer de l’argent 24 heures sur 24 en France avec sa carte de crédit. Au Japon, il n’y a pas de distributeurs bancaires « à l’extérieur ».

Paradoxalement, il est dur de trouver un distributeur de boissons en France, au Japon, il y en a partout.

Egalement les transports, tout est si efficace au Japon, et le réseau ferroviaire est si développé que posséder une voiture n’est pas nécessaire.

Les exemples sont infinis … Ensuite, l’efficacité et la cohésion sociale. Même des personnes qui ne s’entendent pas du tout sur le plan personnel arrivent à travailler ensemble dans l’intérêt commun de l’entreprise.

Enfin, le respect du consommateur et la vitesse de réactivité dans la société. Aussi bien dans la famille, les commerces (où le service est impeccable dans la plupart des cas), et les administrations publiques. En résumé les japonais ont moins de temps libre que les français, mais tout prend moins de temps et parfois moins d’argent.

MarketingIsDead : Au hasard de mes promenades au Japon, j'ai découvert de nombreuses enseignes de magasins en français, j'en ai même photographiées quelques unes pour le blog : quelle est l'image de la France, pour les Japonais ? Uniquement des produits de luxe ?

Frédéric : Certains japonais raffolent du luxe français, c’est une manière également d’afficher un certain statut social.

Les marques françaises ont tablé sur cette stratégie pour se développer au Japon depuis très longtemps et cela a porté ses fruits. Cette image virtuelle de la France, celle de françaises raffinées, arpentant les Champs-élysées en tenue de mode, est très forte dans l’imaginaire des japonais et surtout des japonaises.

Après le luxe, c’est la culture culinaire, beaucoup plus réaliste. La cuisine française au Japon est très appréciée, et selon l’enseigne, hors de prix. Certains japonais travaillant dans la restauration et l’hôtellerie ont une connaissance culinaire parfois supérieure à la notre.

Pour ces raisons esthétiques et culinaires, de nombreuses enseignes adoptent des consonances françaises pour valoriser leur sens du bon goût et attirer le consommateur. Au final il y a l’image sociale française, celle d’un peuple prenant le temps de vivre et jouissant de longues vacances.

J’ai pu entendre deux interprétations opposées de notre société de travail. Pour les uns nous sommes un peuple plus productifs (puisque nos entreprises ne nous demandent pas de travailler autant) et pour d’autres un peuple paresseux qui ne doit pas s’étonner d’avoir une économie sur la pente raide.

MarketingIsDead : Les Français sont fascinés par la passion des Japonais pour le high tech : pour toi, cette passion, c'est un mythe ou une réalité ?

Frédéric : Comme les japonais, certains Français ont une image tronquée du Japon, tous les japonais ne sont pas fous de high-tech, et certains mêmes en sont rebutés.

Disons que le Japon est le Pays des hautes technologies, et que le « high tech » est facilement accessible. Mais il y a également des japonais réfractaires, qui s’en désintéressent presque totalement. La mode du tout rétro a également ses adeptes.

08:20 Publié dans Culture(s) | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | | Pin it!

Commentaires

merci François; à lire l'excellent ouvrage de Karine Poupé Les Japonais chez Taillandier: une fresque des 60 dernières années qui replace bien le rôle de la technologie dans leur modèle économique (innovation/consommation) et montre à quel point le Japon est un modèle économique important dans la zone Asie, en particulier pour la Chine (forte présence étatique aussi). à bientôt
Florence

Écrit par : Florence HUSSENOT | 16/10/2008

Les commentaires sont fermés.