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30/03/2008

Users Generated Content + Littérature = Nousvelles.com

9b20349709246219cd77ad46d79506a9.jpgVendredi 28 mars à 21 heures, ouverture "officielle" de Nousvelles.com, un nouveau site communautaire dédié aux passionnés de lecture et d’écriture – qui doit permettre aux lecteurs de trouver des textes originaux de qualité et aux auteurs de recevoir des commentaires sur leurs œuvres … voire de toucher des droits d’auteur.

Un site qui se définit « comme le mariage (d’amour bien entendu !) entre YouTube, eBay et FaceBook destiné aux passionnés de lecture et d’écriture … » : vaste et sympathique programme !

Trois questions à Laurent, responsable du projet.

Marketingisdead : En quelques mots, c'est quoi, nousvelles.com ?

Laurent : Nousvelles.com est une communauté en ligne francophone destinée aux passionnés de lecture et d'écriture de tout âge.

Sur Nousvelles.com :

  • Les lecteurs peuvent trouver des textes originaux de qualité en version électronique, et même recevoir des revues papier dans le genre qu'ils aiment le plus, voire des livres. Ils reçoivent même des cadeaux pour laisser des commentaires sur les œuvres !
  • Les auteurs peuvent mettre leurs textes, recevoir des commentaires, et si la qualité est là, ils peuvent toucher des droits d'auteurs sur leurs travaux. Les auteurs 'pros' bénéficient de droits d'accès privilégiés.
  • Tout le monde peut échanger et partager sa passion grâce aux services de communauté

Si je devais le résumer en une phrase ce serait : lisez, publiez, gagnez des cadeaux !

Bref, Nousvelles.com cherche à réaliser en ligne le rêve de tous les passionnés de lecture et d'écriture !

Marketingisdead : D'où t'es venue cette idée, qu'est-ce qu'il y a à la base de ce projet ?

Laurent : J'ai toujours été passionné par l'écriture.

Hélas, il n'existait rien en français permettant de partager facilement ses textes, voire de toucher des droits d'auteurs sur ses œuvres. De plus, j'ai toujours été passionné de nouvelles et il est très difficile d'en trouver, ou alors il faut passer des heures pour trouver un texte de qualité. La distribution électronique a aussi ses limites, tout le monde aime toucher et sentir le papier !

Après plusieurs années aux US, je me suis rendu compte que les offres pour auteurs et lecteurs étaient très développées sur le net anglophone, et que nous étions clairement à la traîne …

J'ai donc décidé de faire quelque chose pour faire vivre ma passion et en faire profiter les autres !

Après un peu de surf sur les différents sites francophones et anglophones, je me suis fait une idée de ce que je voulais et de ce que je ne voulais pas.

Sur cette base, j'ai lancé un sondage un peu au hasard pour tester l'idée. J'ai récolté un taux de réponse d'environ 3%, ce qui est 10x plus que ce que j'escomptais … Je me suis donc rendu compte qu'il y avait un vrai intérêt.

Au final, c'est très simples : j'ai juste cherché à créer le site dont je rêvais pour moi en tant que lecteur et en tant qu'auteur, et à en faire profiter les autres.

Le reste, c'est du temps, du travail, de la passion, et, je dois l'avouer, un peu de folie douce... ;-)

Marketingisdead : Y a-t-il un business model derrière … où est-ce simplement une façon de faire partager sa passion ?

Laurent : C'est question est absolument fondamentale et j'y ai beaucoup réfléchi. Mes années de cabinet de conseil en stratégie et d'études de commerce font que c'est un sujet que je ne peux pas prendre à la légère !

L'objectif de Nousvelles.com n'est pas de maximiser ses revenus à court terme, mais de s'installer sur la durée.

Nousvelles.com s'inscrit, très modestement mais de façon déterminée, dans la transformation des rapports entre lecteurs et auteurs, et donc dans celle du métier de l'édition. Ecrire c'est long, développer un lectorat aussi. Nousvelles.com est donc là pour établir une relation de confiance avec ses membres et les accompagner. Pas pour faire "un coup" et disparaître.

Tout ceci prend du temps.

Heureusement, nous en avons. Nousvelles.com n'a pas d'actionnaires à satisfaire, pas de banques à rembourser. Nous (le site et ses membres) sommes libres ! Quel privilège aujourd'hui …

En un sens, Nousvelles.com est un acteur de l'anti-nouvelle économie ;-)

A ce titre, il y a des choses très rentables que je refuse de faire. Par exemple, je suis contre certaines pratiques abusives de l'édition à compte d'auteur.

De même, j'ai refusé par principe un financement principalement par la publicité, car je crois que la création littéraire peut et doit être rémunérée en tant que telle – personne ne m'a jamais encore tendu le dernier Nothomb en me disant "prends, c'est gratuit, y'a d'la pub dedans". Je ne veux pas non plus que les membres de Nousvelles.com se sentent harcelés par des messages publicitaires : est-ce qu'on imagine une bibliothèque avec des jingles toutes les 30 mn ?

Ceci étant posé, il faut bien que Nousvelles.com gagne de l'argent. Mais pour un projet aussi innovant, parler de 'Business Model' serait un peu présomptueux. Sans point de comparaison, qui peut savoir, sans l'avoir testé, ce qui va marcher ou pas ?

Le nombre de services possibles est infini, mais je suis très pragmatique : je test petit, et si ça marche j'étends ! Tout ceci permettra d'ajuster très rapidement l'offre par rapport à la demande effective des membres. Je suis parti avec mes idées et celles de mes membres, j'en ai encore beaucoup sous le coude, on verra où ça nous mène.

Avant les objectifs financiers, ma priorité est donc d'avoir une communauté solide de membres qui se développe à long terme, en leur offrant la possibilité de participer suivant leur passion et leur budget.

Par exemple, Nousvelles.com peut être totalement gratuit. Certains services (ex: achat de nouvelles 'droits d'auteur', achat de livres, abonnement à des revues, ...) sont payants en 'coupons'. Mais on peut gagner des coupons en laissant des commentaires sur les œuvres ! Bien sûr, c'est plus  rapide de les acheter, mais c'est possible de tout faire rien qu'en lisant les textes qu'on aime !

Je vois Nousvelles.com comme une aventure commune que je partage avec mes membres. Sans promotion, environ 2.000 personnes ont répondu à mon sondage. Sur cette base, je sais ce que les gens recherchent, je connais leur passion, leurs frustrations... Si Nousvelles.com se lance aujourd'hui, c'est grâce au soutien de ces nombreux parrains et de ceux qui les ont rejoints !

Je considère donc qu'il existe un contrat moral entre les membres et moi. L'argent qu'ils me donnent en achetant les services du site doit être utilisé pour développer au mieux un site qui nous est cher. C'est très concret : par exemple, les membres qui me soutiennent en s'abonnant sont consultés pour les décisions d'investissement.

Mes membres (plusieurs milliers aujourd'hui) peuvent compter sur moi, j'espère pouvoir compter sur eux !

Bonus complémentaire de lancement pour les lecteurs de MarketingIsDead : en créant votre compte (gratuit) sur Nousvelles.com et en tapant le code market8, vous recevrez 5 coupons ! (attention offre limitée dans le temps).

14/06/2007

Et si on fondait une maison d’édition Web 2.0 ?

medium_schtroumpf.jpgAprès ma musique, le métier qui souffrira le plus – et le plus rapidement – de Web 2.0 et de la dématérialisation des contenus sera très certainement celui de l’édition professionnelle.

Dans les deux cas, la profession y a dérivé d’un marketing de l’offre très volontariste – avec parfois des partis pris risqués, mais toujours qualitatifs – à un marketing de la demande débouchant nécessairement sur des productions le plus souvent médiocres, pour lesquels les éditeurs refusent de prendre le moindre risque.

L’édition musicale, c’était hier des maisons comme Atlantic ou Motown, dénichant à coup d’intuitions géniales, des Ray Charles et des Marvin Gaye, et les soutenant de toute leur énergie : qui aurait raisonnablement misé sur un noir toxicomane… et aveugle de surcroît ! Personne sinon Ahmet Ertegun, fondateur d’Atlantic.

Aujourd’hui, ce sont quatre majors se partageant 80% du marché, et la plupart du temps incapables de comprendre, tant leurs artistes, que leurs publics ; dépensant des sommes folles en marketing pour assurer la promotion de gloires éphémères sorties de la real TV ; et étranglant à l’aide de contrats draconiens les valeurs montantes – pour ne pas parler du sort réservé aux groupes qui ne pénétreront jamais le Top 50, c’est-à-dire la quasi-totalité de la scène française ou mondiale.

L’édition professionnelle, ce sont désormais des éditeurs totalement incapables de discerner un bon projet d’un mauvais, et bétonnant de partout pour éviter de prendre le moindre risque : avec des directeurs de collections universitaires pour répliquer à l’infini les mêmes antiennes quand la société évolue plus vite que les thésaurisateurs.

Surtout, la première question que vous posera tout bon directeur littéraire sera : « Quelles préventes pouvez-vous me garantir ? » ; à ce petit jeu, il est plus aisé à un directeur d’institut ou d’agence de communication – qui va acheter des centaines d’exemplaires pour assurer la publicité de sa société – ou à un professeur de grande école de se retrouver sur les rayons des librairies.

Le seul petit détail que ces braves gens ont oublié, c’est très peu de professionnels espèrent gagner leur vie – ou même simplement changer de voiture – de leurs écrits, sauf les quelques rabâcheurs qui ressassent les sempiternelles théories du millénaire passé.

J’écris, plein de mes copains écrivent, simplement parce qu’ils ont quelque chose à dire – et que pouvoir dialoguer avec d’autres professionnels l’emporte de loin sur l’obole que ne leur accordera jamais un éditeur. Alors, comme des tas de copains, je blogge… et j’y trouve un plaisir immédiat, nettement supérieur à celui de discuter le bout de gras avec n’importe quel éditeur !

Blogger, c’est bien, mais qu’en reste-t-il ? Au terme de quelques mois, les papiers, classés par ordre ante chronologique, s’accumulent au fond de la pile… et sombrent dans l’oubli ; par ailleurs, même si l’on publie quelques papiers de fond, plus construits, la plupart du temps, la pensée demeure journalistique, donc parcellaire.

Et c’est alors que le livre trouve toute sa place, comme une somme : sauf quelques stakhanovistes, l’on en publie jamais que 3, 4, 5 au cours d’une carrière professionnelle. Et pour les anciens – nés, comme moi, au siècle dernier – il y aura toujours la magie de la chose imprimée, du papier, de cet objet que l’on découvre dans les rayonnages des libraires…

Un peu comme un artiste débutant aperçoit son tout nouveau CD dans les bacs disquaires… et en arrive à oublier qu’il ne touchera certainement pas un centime dessus, après être passé sous les fourches caudines des maisons de disque.

C’est pourquoi de plus en plus d’artistes leur font désormais un bras d’honneur, en publiant gratuitement leur musique sur MySpace ou leurs sites Internet : de toute façon, ils gagnent – aujourd’hui comme hier – leur vie en tournant de salle en salle ; alors, à défaut de revenus, Internet leur apporte la publicité – gratuite – que majors ou indépendants sont incapables de leur offrir.

Et si on fondait une maison d’édition Web 2.0 ?

Bien des schémas sont envisageables : vente à prix réduits ou totale gratuité ; diffusion totalement dématérialisée ou mixte ; modèle associatif, coopératif, ou banalement lucratif. Le problème le plus épineux restera certainement celui de la direction littéraire et de la sélection des auteurs et des projets.

Avec la dématérialisation des contenus, la mise à disposition gratuite de livres au format PDF ne constitue plus vraiment un obstacle, les auteurs se chargeant alors eux-mêmes de la mise en page de leurs écrits ; toutefois, une commercialisation à coûts très réduits – quelques euros – peut également s’envisager.

En parallèle de cette diffusion virtuelle, des tirages papier en quantités limitées sont rendus possibles par l’évolution des techniques de publishing : certains éditeurs proposent d’ores et déjà des impressions en séries extrêmement limitées, voire à la demande – en fait le livre part en impression seulement après avoir été commandé.

Un modèle mixte – PDF téléchargeable gratuit/papier expédié payant à coûts réduits – constitue une alternative intéressante à un modèle purement virtuel : certains lecteurs, réticents à ingurgiter un lourd pavé sur écran, seront heureux de prolonger de façon plus classique un ouvrage feuilleté électroniquement.

La publication papier à façon peut se déconnecter de la fonction d’édition : un même imprimeur/routeur peut sous traiter cette tâche industrielle pour plusieurs maisons d’édition en ligne, assurant ainsi une sorte de back office ; dès lors, ces dernières peuvent aisément se constituer sans nécessaire apport de capitaux – voire fonctionner sur le seul bénévolat associatif.

Dès lors, n’importe qui – n’importe quel groupe – peut s’instituer éditeur, se constituer en maison d’édition : je militerais alors volontiers pour un système collaboratif par cooptation : deux ou trois auteurs se regroupant pour créer une telle maison virtuelle à l’occasion de la publication du dernier ouvrage de l’un d’entre eux… Suivront ensuite ceux des autres membres de la coopérative, et le tour est joué : aussi simple, ou presque, de lancer un blog sur Internet.

Pas de comité de lecture : la coopérative s’élargit par cooptation… structure et fonctionnement simplissime !

Evidemment, Web 2.0 permettra de créer le buzz… et comme ces auteurs Web 2.0 sont aussi des bloggers – confirmés, sinon d’influence, sinon, ils n’auraient jamais réussi à accoucher d’un livre – leurs réseaux vont rapidement propager l’information… et c’est tout ! C’est Web 2.0 : si le livre est bon, il aura une chance proportionnelle à sa qualité !

Quelques structures associatives plus établies pourraient fédérer autour d’elles plusieurs de ces microstructures virtuelles, leur conférant une plus grande visibilité – sans nécessairement cautionner les contenus : elles n’auraient pas à se substituer à leur direction littéraire.

Finalement, un schéma aussi souple que Web 2.0.

La redaction de Marketing is dead, mon prochain livre, avance très doucement, mais qui va piano… je suis prêt à le mettre au pot d’une telle démarche.

Et si quelqu’un est assez fou pour tenter l’expérience, ou simplement a envie de continuer le débat sur le thème, welcome on board !