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25/06/2008

Ticket Chic ou Ticket Fripé ?

355ab9995165c4e303febf2fde75cb03.jpgDepuis 2 ans, j’ai troqué la voiture pour un Pass Navigo … ce qui m’amène régulièrement à me poser des questions, tant sur la notion de service publique de la Ratp ou de la Sncf, que de leur simple notion de service, d’ailleurs.

La ligne 1 est en cours de totale automatisation, comme le ligne 14 : d’ici 2010, plus de personnel roulant sur la ligne … tout comme il n’y a déjà plus de vendeurs de tickets dans certaines stations comme Bérault : si vous souhaitez un titre de transport, débrouillez-vous avec le distributeur automatique.

L’ex-vendeur s’ennuie ferme derrière son guichet rebaptisé information ; et si vraiment il lui prend l’envie d’aider un passager peu doué pour le dialogue homme machine, il n’a plus qu’à sortir de sa cahute. Rassurez-vous, cela ne lui arrive pas souvent : la plupart du temps, il préfère s’ennuyer ferme : comme ça, la régie pourra supprimer son poste en toute tranquillité … et laisser les passagers se battre avec des machines qu’ils ne comprennent pas.

De temps à autre, un passager allume une cigarette, tire nerveusement dessus, se précipite dans la rame qui arrive … et exhale sa fumée dans le wagon dont les portes se ferment ; dans la rame, vous buttez sur un chien qui halète … et surtout ne vous avisez pas de signaler l’avis placardé ne tolérant que les compagnons des non voyants : de toute façon, il est passé tranquillement sous le nez du préposé à l’information … pas à la sécurité !

Nul doute alors que les rames brouissent d’un incessant petit commerce : joueurs d’accordéon ou de guitare en tous genres, avec amplificateurs ; mendiants fort professionnalisés, qui distribuent des papiers expliquant leur détresse en plusieurs langues – leur quartier général, c’est, notamment, la station RER Nation : les touristes qui vont à EuroDisney se laissent plus facilement attendrir que les parisiens qui les voient s’échanger leur petit matériel en éclusant un petite bière ou ne fumant une cigarette sur le quai de Nation.

Le RER C n’est pas mieux loti que le A – bref, Sncf Ratp, même combat : l’autre jour, je patientais sur le quai la station Bibliothèque de France, toute neuve : on y fume allègrement, pas un voyou isolé, non, ça va du cadre moyen à l’ouvrier de banlieue en passant par la secrétaire pressée.

Peut-être le stress des retards quotidiens : mon train avait 20 minutes de retard, et quand il est arrivé, l’affichage électrique était erroné … pas pratique, juste un haut parleur nasillard qu’on entend à peine dans le tumulte ambiant !

En 2010, la ligne 1 sera donc totalement automatisée : plus de personnel dans les rames, plus de personnel en station, bonjour la sécurité ! La Ratp semble développer une vision de la sécurité fondée sur la répression et l’exemple, plutôt que sur la prévention : pas de soucis, vous pouvez transgresser la loi ou ses règlements comme bon vous semble … mais ne vous vous faites surtout pas prendre sans ticket.

Et là, c’est plutôt bien rodé : les contrôleurs se massent par petits paquets, avec parfois quelques agents de sécurité pour le cas où … et pan sur les resquilleurs ! Pour les voir, ce n’est pas toujours facile, mais il y a une technique assez simple : placez-vous derrière un black ou un beur dans uns station type Châtelet, dans la salle des échanges, et là vlan ! Comme la misère sur le pauvre monde !

Moi, pas de problème, on ne me demande jamais rien : trop vieux sans doute, plus assez souple pour sauter la barrière. Bon mais c’est leur vision de la sécurité : les passagers peuvent se faire gentiment agresser dans un couloir sombre, mais que les assassins ne s’avisent pas de passer sans ticket !

Car tout est bon pour "rentrer" des sous : justement à Châtelet, une des stations les plus fréquentées – Métros 1, 4, 7, 11, RER A, B, D – la salle d’échange entre le RER, la station Les Halles et la sortie Nouveau Forum, a récemment été redessinée : un immense stand de téléphonie mobile y a été installé, réduisant d’autant le passage … on s’y marche gaillardement sur les pieds, mais nul doute qu’entre bénéfices et service aux passagers, la régie a choisi son camp.

Bref, l’augmentation du prix de l’essence – et du parking – ramène les Parisiens sous terre plus efficacement que toutes les campagnes écologiques : plus besoin d’attirer le passager pour lui démontrer la modernité du mode de transport – souvenez-vous des campagnes de pub : Ticket Chic, Ticket Choc –, suffit désormais de profiter de la manne pour faire du business.

Service public ?