13/06/2011
Un doigt (mouillé) de futurologie : 2012 et après
La futurologie constitue une science tout aussi exacte que la numérologie ou le doigt mouillé.
La preuve : petit flash back en 2007 ! Pas si vieux 2007, juste avant l’élection présidentielle : pour avoir l’air branché, les principaux candidats – Nicolas et Ségolène en tête – créaient leur ile sur Second Life.
Le futur du Web passait donc Second Life, et Myspace que Murdoch s’était payé pour la modique somme de 580 millions de dollars deux ans auparavant : et tout le monde sait que le patron de News Corp a toujours été visionnaire.
Aujourd’hui le futur du Web s’appelle évidemment Facebook, Twitter, Foursquare – sans oublier le Web mobile, important ça, le Web mobile. Et les applications pour Iphone, du moins pour les frenchies : le reste du monde bascule sous Android.
Et en face de toute cette débauche High Tech et branchée, il y a quelques milliers de geeks … et quelques dizaine de millions de Français « normaux » !
Et pour ces derniers, 2012, 2013, etc. seront – comme 2011, mais en plus violent – des années de continuels arbitrages : parce que depuis 30 ans, le revenu salarial moyen n’a strictement pas progressé en France.
Et que sur la même période, la part conjointe des dépenses contraintes (logement, eau, électricité, téléphone, etc.) et des dépenses obligatoires (alimentation, santé, éducation, etc.) a grimpé, jusqu’à atteindre 80% du budget des ménages !
Bien sûr, l’inflation de plus de 6% sur les produits alimentaires suite au passage à l’euro, puis en 2008 tout comme celle de l’immobilier, y sont pour beaucoup … mais l’arrivée d’Internet, de la téléphonie mobile aussi : des dépenses contraintes qui n’existaient pas vraiment il y a une bonne dizaine d’année.
Résultat : 4/5 du budget des ménages qui s’évapore tout seul ! Jusqu’à 90% pour les plus défavorisés.
Une tendance lourde, irréversible … et insupportable : alors quand la pression devient trop forte, les citoyens doivent ABSOLUMENT faire jouer des soupapes de sécurité, et récupérer du pouvoir d’achat.
Les échanges musicaux en P2P constituèrent pour beaucoup un moyen légitime de financement de nouvelles dépenses contraintes, notamment l’ADSL : mon budget discrétionnaire s’érode, j’entre autrement en possessions de biens de plaisir que je ne peux plus financer.
Sous cet angle, la loi Hadopi ne peut que s’assimiler à une nouvelle taxe, à un nouveau tour de vis sur le pouvoir d’achat.
L’enjeu des années à venir va être de jouer sur les dépenses contraintes pour libérer de nouveau du pouvoir d’achat ; et ce, de manière parfois radicale, en supprimant des postes jusque-là jugés intouchables.
Très certainement, un des premiers sera celui des transports : déjà, bon nombre de citadins ont initié le mouvement et renoncé à leur voiture, ce qui libère immédiatement des sommes importantes – même si les postes transport en commun ou location de véhicules peuvent gonfler.
Avec de tels arbitrages apparaissent des effets de cliquets : renoncer à des biens ou services budgétivores libère brusquement une part importante de pouvoir d’achat ; une partie sera sans doute épargnée. Comment va se redéployer la consommation pour le reste ?
Tel sera l’enjeu du marketing des années à venir : savoir accompagner d’importants bouleversements dans la consommation liés à de nécessaires mais drastiques arbitrages budgétaires des ménages
Il existe enfin une autre voie, pour les consommateurs … quand même de tels arbitrages deviennent caduques : celle de la contestation, qui se développe aujourd’hui en Grèce et en Espagne – et la contagion à la France n’est en rien impossible, même si les politiques estiment que non.
Avec tout cela, on est bien loin du Web social … sauf que ce dernier a joué un rôle moteur dans les pays arabes, puis dans le Sud de l’Europe – et qu’il va falloir le surveiller en France également : car les citoyens peuvent vouloir trouver d’autres soupapes de sécurité que de renoncer à leur voiture.
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