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31/10/2010

Facebook, Twitter et web social : les nouvelles opportunités de business

Fraysse.jpg« Si Facebook était une nation, ce serait la 3ème nation du monde avec plus de 500 millions d'habitants après l'Inde et devant ... les Etats-Unis. En combien de temps ? En 6 ans seulement ! »

Voilà ce qu'écrit Emmanuel Fraysse au dos de son livre : Facebook, Twitter et web social : les nouvelles opportunités de business.

Et comme pour le démontrer, il a créé un blog : Le web social, une page Facebook, sans oublier le compte Twitter @manufraysse, etc. Bref, Emmanuel use et abuse des médias sociaux pour lancer le petit business de son libre !

Rencontre avec l'auteur.

MarketingIsDead : Tu écris que le web social va tuer le e-mail : mais le mail, utilisé en dépit de bon sens jusqu'à devenir spam, n'a-t-il pas failli tuer le marketing ? Et en suivant le schéma, une utilisation débridée des réseaux sociaux ne risque-t-elle pas de tuer à nouveau le marketing ? Il n'y a pas de mauvais outils, seulement de mauvais usages ...

Emmanuel Fraysse : J'écris que « le web social va tuer le e-mail »... est une idée reçue. Même si le web social a changé de braquet depuis quelques années, il ne va pas tuer le mail, en tout cas pas à court ou moyen terme.

Toute technologie émergeante se développe au rythme d'appropriation acceptable pour ses utilisateurs. La croissance d'usage du web social est exponentielle mais bien présomptueux est celui qui peut affirmer que toutes les correspondances électroniques s'effectueront à plus ou moins court terme uniquement via les réseaux sociaux. En fait, il faut grandement nuancer :

- Selon les usages pro / perso du mail,
- Selon l'âge des utilisateurs,
- Selon l'habileté technologique des utilisateurs.

En version courte, le mail est et restera un moyen de communication formel pendant encore un bon moment pour la majorité des internautes. La fermeture récente de Google Wave qui était présenté comme une killer-app démontre que le bon vieil email fonctionne toujours aussi bien auprès du grand public.

Personnellement, je n'ai jamais compris à quoi Google Wave servait sauf pour un segment niche « innovateurs / geeks ». Encore un bon coup de « vaporware » pour le grand-public, au moins pour le moment. Comme évoqué dans le livre, « dans 5 ans, nous réévaluerons (peut-être) notre position. »

Le spam mail est une plaie mais une plaie désormais plus ou moins contrôlée (j'ai bien dit « plus ou moins »). En tous cas, les filtres anti-spam ainsi que les habitudes d'usage ont maturé : d'un côté, les filtres sont bien plus efficaces qu'avant ; de l'autre, les usagers ont pris l'habitude de l'opt-out en pratique car, en fait, à force d'échange et de trading de base de données d'emails, les internautes sont amenés à devoir régulièrement se désabonner de newsletters non sollicitées. Ils en ont pris l'habitude et sont désormais moins grognons sur ce sujet.

Je ne dis pas que la situation est satisfaisante, je dis simplement qu'elle est « plutôt » sous contrôle.

Quant au spam sur les réseaux, il a déjà lieu : combien d'invitations pour participer à des évènements, devenir fan d'une Page Facebook dans la boite mail de tout membre Facebook, ... ? Bizarrement, personne ne s'en plaint et pourtant, cela constitue bien du spam, des messages non sollicités mais comme ils proviennent d'amis / connaissances (plus ou moins !), ils sont mieux perçus que le spam mail.

Intéressant paradoxe, non ?

Pour finir, un point fascinant concernant le marketing : il a la force de se réinventer en permanence à partir du moment où il sort de tout dogmatisme. Ce qui peut tuer le marketing, ce n'est pas l'excès, c'est le fait de ne pas s'adapter à ce que les internautes / clients demandent et acceptent. Comme disait Héraclite : « rien n'est permanent sauf le changement ».

MarketingIsDead : Si les réseaux sociaux deviennent incontournables - et le dialogue avec ses communautés -, l'homme de la situation en entreprise est le community manager : or l'exemple de Nestlé au printemps montre bien que les marques traitent la question par-dessus la jambe ! On charge un stagiaire, au mieux un jeune dont on ne sait pas quoi faire mais qui est de la génération Y, du job, et vogue la galère ...

Emmanuel Fraysse : La situation des community managers me fait penser à la situation des webmasters et des webmarketeurs il y a 10 ans : ces jobs étaient accessoires, relégués à la périphérie des stratégies d'entreprise et grandement pourvus par des stagiaires. Les jeunes diplômés webmarketeurs entre 2001 et 2003 n'ont pas vécu que des moments roses en arrivant sur le marché du travail. Maintenant, quelle entreprise sérieuse ne dispose pas de troupes « marketing on-line » menées par des seniors ?

Le fait de laisser le community management à des stagiaires constitue une étape intermédiaire vers la professionnalisation. Dans le triptyque de la courbe d'apprentissage (« je rampe, je marche, je cours »), la majorité des entreprises et des agences prestataires en community manager en sont encore à ramper en optant pour de la main d'œuvre peu chère et qui va s'évaporer dans la nature d'ici quelques mois... avec le réseau de contacts associé.

Ne sachant pas encore ce que cette « nouvelle » activité peut rapporter, les entreprises sont prudentes, voire frileuses surtout en cette période de sortie de crise. Le calcul est court-termiste et l'équation à moyen terme sera toute autre : le community manager est un créateur de liens durables sur lequel il va falloir capitaliser pour instaurer la conversation avec son écosystème (clients, partenaires, fournisseurs, collaborateurs, ...).

C'est une question de temps uniquement, certaines entreprises rechignent encore à faire de la publicité en ligne, alors leur dire de faire tout de suite du community management, cela parait « compliqué ».

De plus n'oublions pas que, tel Monsieur Jourdain, certaines entreprises font du community management sans le savoir lors de leurs opérations d'acquisition et de fidélisation de leurs clients / utilisateurs par exemple en écoutant ce qu'il se dit sur eux sur les forums et autres espaces de dialogue entre internautes. Plus de structuration (et de transversalité) dans leur approche « community management » leur apportera plus d'impact.

MarketingIsDead : J'ai l'impression que la machine s'emballe à nouveau et les problèmes d'éthique deviennent un peu secondaires : de belles catastrophe en vue, comme on a connu « Le journal de ma peau » et la vogue des faux blogs.

Emmanuel Fraysse : Exact ! Certains diront qu'ils « ne sont pas en train de dépasser les limites mais uniquement en train de les repousser ». Oui peut-être mais sans jouer sur les mots, les conflits d'intérêt se multiplient et l'éthique est en train de prendre un sacré coup :

  • Des blogueurs ou plutôt des e-influenceurs entre autres dans la mode vendent leurs posts contre quelques produits gratuits ou bien contre quelques poignées d'Euros
  • Le brand content (comprenez « Quand les marques deviennent média ») posent de nouvelles questions sachant que, s'il est de piètre qualité, il peut s'apparenter à du publi-édito déguisé
  • Et la situation risque de se dégrader : Quand on entend parler de « brand journalists » (si ! si !), on est en droit de se demander quelles sont les nouvelles limites ... si limites il y a encore.

Ce qui est positif : au-delà des nécessaires garde-fous que doivent maintenir des organismes de contrôle et des règles d'éthique fondamentales à tout homme éclairé, les internautes sont de plus en plus éveillés et actifs. Ils deviennent de véritables « consomm-auteurs », de véritables producteurs et diffuseurs de contenu.

Si une marque se fait prendre la main dans le sac dans la manipulation d'avis consommateurs par exemple ou de déni de conversation avec son marché, le retour de bâton peut être sévère et comme Internet n'oublie pas, les preuves de ses méfaits resteront, longtemps, très longtemps en ligne, ce qui ternira son image de marque par voie de conséquence. Nestlé en sait quelque chose avec sa désormais célèbre page Facebook.

MarketingIsDead : Facebook est LE réseau ... sauf que lorsque j'essaie de te répondre, il est planté - enfin, la connexion plante : imaginons demain, tout le monde sur LE truc extraordinaire et un crash quelconque : c'est la fin du monde virtuel ... voire la fin du monde tout court ?

Emmanuel Fraysse : La fin du monde virtuel... Une opportunité pour que les gens se rencontrent à nouveau ?

Internet est un environnement particulièrement biologique : les sites, applications et concepts y naissent, se développent et souvent... meurent. Certains renaissent, d'autres se transforment mais rien ne se perd comme dirait Lavoisier. Seuls les éléments les plus adaptables et les plus viables perdurent. On peut espérer que seules les solutions les plus solides et les plus « scalables » traversent les années. Tout cela ne se fera pas sans heurts, pas sans pertes de données à certains moments mais au final l'essentiel sera sauvegardé.

En prenant le cas de Facebook, les données archivées sur Facebook ne semblaient pas archivables et pourtant des sociétés comme Silentale ont proposé d'archiver des données perso disponibles sur Facebook dès l'année dernière avant que Facebook propose lui-même cette possibilité récemment. Techniquement, il est donc possible de récupérer ses données grâce aux API. Ceci dit, on n'est jamais à l'abri d'une onde malveillante géante effaçant toutes les données électroniques du monde.

La fin du monde virtuel n'est pas la fin du monde sauf à avoir mis tous ses œufs dans le même e-panier et là, forcément... ca fait mal. On a tendance à imaginer que le reste du monde vit comme nous, que les addicts au monde virtuel, les Always connected ont envahi le monde. Que nenni. On peut vivre sans Internet et heureusement.

On a bien vécu sans Internet jusque dans les années 90, non ? Bizarre de finir la réponse à cette question par une phrase un tantinet « 20ème siècle » mais, autant éviter le myopisme technofan. Internet ou pas, ce qui compte à mon sens, c'est la quête du bonheur personnel et les liens que l'on tisse avec les autres.

Ouch, je vais m'arrêter là, le hors-sujet approche.

Commentaires

en fait j'aime bien le "hors sujet" François, l'Internet et le Web Social est vraiment affaire de gens qui se rapprochent et qui se parlent, pas de geeks lémuriens tapis derrière leurs ordinateurs. D'ailleurs Emmanuel ne dit pas autre chose dans son livre, notamment lorsqu'il égratigne un tant soit peu la génération Y sur ce sujet.

PS: je pense qu'il faudrait demander à Philippe de te rajouter Tweetmeme et Addthis pour promouvoir l'article ;-)

Écrit par : Yann Gourvennec | 01/11/2010

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