Marketing Is Dead

Leclerc lance à grands renforts d'investissements publicitaires sa campagne Zéro prospectus : coup de pub ou réel militantisme ?

« L'objectif est, ensemble, de réduire progressivement l'utilisation des prospectus papier jusqu'à les faire disparaître complètement en 2020 » : que Michel Edouard se rassure, ce programme se réalisera ... avec ou sans lui !

Car ses confrères ne sont pas plus stupides que lui, et là où il y des économies à réaliser, ils ne vont pas détourner le regard pour simplement faire plaisir aux imprimeurs - tout comme le courriel a peu à peu supplanté le courrier classique, et La Poste s'est adaptée.

L'écologie est un concept porteur, publicitairement parlant, et il ne sera pas le premier à en abuser : d'autres avant lui auront glané leurs Prix Pinocchio du développement durable - voir ici, pour ceux qui ne connaissent pas cette belle institution, un peu plus noble et honnête que Les produits de l'Année !

Car à vouloir faire feu de tout bois, on risque aisément d'y perdre son âme ... et de trahir ses clients : car les cocus, dans l'affaire, ce sont bien eux !

Petite explication de texte.

L'année 2009 a marqué un tournant pour la grande distribution française : après plusieurs années de lente érosion de leurs parts de marché, les hypermarchés relèvent la tête ... au prix de bien des sacrifices financiers, puisque désormais tous proposent leurs produits discount : ils s'appellent depuis longtemps Marque Repère chez Leclerc, et les dernières communications télévision de l'enseigne soulignent bien leur alignement sur la concurrence. Enfin, tout le monde s'aligne sur tout le monde, le hard discount est devenu la norme.

Carrefour lance aujourd'hui de nouveaux concepts, comme Carrefour Planet, Auchan tente un Hyper Discount à Mulhouse, baptisé Priba - et tous tentent de reporter la facture sur les fournisseurs (mais ça devient dur) ou ailleurs, en revoyant la logistique pour diminuer les stocks sur leurs plateformes, d'où la pagaille des ruptures de stock.

Et Leclerc se lance dans l'esbroufe, comme d'habitude, délaissant le costume du militant consumériste pour l'écologiste, en négligeant au passage où se situent les intérêts de ses clients.

Car soyons clair, on ne va pas chez Leclerc pour le plaisir - juste pour les prix : voilà bientôt 20 ans que la grande fête de la consommation, le samedi, dans son hypermarché préféré, ça ne marche plus. Depuis, des psychiatres ont démontré que l'hyper choix entrainait un hyper stress !

Les consommateurs les plus pauvres, Michel Edouard peut aisément les observer dans ses magasins, ils parcours les rayons catalogue en main (pas seulement les siens, tous les catalogues de la zone de chalandise), vérifient que les promotions sont bien au rendez-vous et contrôlent ensuite les prix en caisse, parce que les erreurs, ça va vite !

Une bonne partie d'entre eux n'a pas accès à Internet, même si notre beau pays est un des plus connectés du monde : et de toutes façons, à moins d'imprimer le catalogue virtuel de Monsieur Leclerc, et de ses concurrents, difficile de s'y retrouver en magasin !

Et là, il a l'idée qui tue, lui ou son publicitaire préféré : une application iPhone ! Tous les gens de la com. en ont un, impossible pour eux d'imaginer que les consommateurs lambda n'en ont pas un !

Les clients pauvres, ont s'en fout un peu, c'est juste un coup de pub, on vous dit.