06/07/2009
Pseudo séniors
Porter la retraite à 67, 70 ou 75 ans améliorera certainement les comptes des caisses de retraite ... mais pas vraiment le sort des moins de 67, 70 ou 75 ans !
Je me souviens lors d'un de mes premiers voyages professionnels à New York, pour le congrès de l'Advertising Research Foundation, qui se déroulait à l'hôtel Hilton, en plein centre de Manhattan.
Un Hilton qui ressemblait à s'y méprendre à n'importe quel autre Hilton de par le vaste monde : même concierge empressé, mêmes hôtesses souriantes à la réception - là, j'exagère un peu, on peut mieux faire - mêmes chambres standardisées, mêmes ...
Même tout !
La note américaine m'attendait aux ... toilettes ! Pas comme au Japon, avec ces cabines spatiales dignes des rencontres du troisième type !
Non, juste quelques petits vieux bien courbés qui vous tendaient un carré de papier essuie main à la sortie des cabines en lorgnant sur la petite coupelle : c'est ça aussi, l'emploi aux États Unis, c'est ça aussi, les retraités aux États Unis !
Je suis prêt à bosser jusqu'à 67 ans ... d'ailleurs, je n'envisage pas nécessairement de m'arrêter avant : je pensais seulement pouvoir me consacrer, tous soucis financiers écartés, à des activités sociales non nécessairement lucratives.
Bon l'ex Monsieur Immigration, Intégration et Identité Nationale veut me faire travailler jusqu'à 67 ans ... pour gagner ma vie, pas pour le plaisir ou pour aider les autres ! Pas de soucis.
Je prendrai seulement le job d'un plus jeune ... ce qui creusera certainement le déficit de l'assurance chômage, mais allez donc lui expliquer le principe des vases communicants. Mais bon, faut bien gagner sa baguette - au train où vont les prix, je ne parle plus de son bifteck.
Sauf qu'il faut bien le gagner ... et donc pour cela, avoir du travail - CQFD.
Le problème, c'est que dans les entreprises, les plus de 50 ans ne sont plus persona grata : quand on peut, on les vire vite fait, bien fait - on appelle ça, la préretraite.
Ou plutôt, on appelait ... parce qu'aujourd'hui, on préfère virer juste avant, ça coûte moins cher ...
Donc ...
Donc, on va se retrouver avec des masses de plus de 50 ans - des vieux quoi, puisque les études marketing précisent bien qu'au delà de 50 ans, ma ménagère, elle se fait vieille ! Des masses de plus de 50 ans sans emploi et obligés de pointer et de rechercher un emploi jusqu'au bout du bout : c'est bien le gouvernement auquel appartient l'ex Monsieur Immigration, etc. qui a rétabli l'obligation de recherche active pour les plus de 57 ans.
Bref, toute une classe d'âge qui végète, de petits trucs en petits trucs, et un petit coup de pouce de l'Assédic : comme ça, ils tiennent quelques années ... Bonne nouvelle : il va leur falloir jouer des coudes 10 ans de plus.
On va améliorer les comptes des caisses de retraite ... pas celle des futurs retraités ; mais comme pendant ces dernières années de pseudo activité, ils ne cotiseront pas vraiment, ils toucheront le jour venu des retraites ... diminuées : des pseudo retraites quoi.
Bref, on veut nous transformer en pseudo travailleurs, puis en pseudo retraités.
Mais comme les vieux sont plutôt conservateurs, ils ne vont quand même pas faire la révolution !
Avant de prendre des mesures comptables, peut-être serait-il bon de se demander pourquoi les entreprises n'aiment pas les salariés âgés et comment remédier à la question : mais ça, ça prend du temps, un ministre, ça ne dure pas si longtemps.
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