29/01/2016
A midi, vous êtes mort
Difficile au dernier CES de Las Vegas de ne pas chopper plein de puces : l’Internet des Objets – prononcez « Aï O Ti » ; en France, on parle plutôt d’objets connectés – était partout.
La dénomination Internet des Objets me semble plus parlante : le réseau actuel permet aux humains d’échanger entre eux, celui de demain permettra aux objets d’en faire autant … sans même que nous soyons au courant ! Le seul problème, c’est qu’aujourd’hui et pour quelques années encore, on reste plutôt dans les objets connectés – donc des objets pleins de puces qui vont nous informer sur notre température, nos calories … ou les cibles potentielles, pour les dragueurs de tous sexes !
Et quand vos vieux objets n’auront pas de puces, vous pourrez quand même vous gratter en leur collant de petits capteurs – comme ces peanuts que vous allez coller un peu partout chez vous ou sur vous.
Évidemment, toutes les startups et autres entreprises du High Tech œuvrant dans le domaine de l’IoT ont prévu des connections Bluetooth de leurs gadgets avec nos Smartphones pour leur permettre de pénétrer dans le vaste monde de l’Internet des Objets – via des application iOS et/ou Android, bien entendu : Windows 10 n’est pas vraiment tendance.
Déjà que les heureux possesseurs d’abonnements 4G se plaignent d’avoir bien du mal à tenir toute une journée en cas de surf un peu intensif – sans trop exagérer, non plus ! Les batteries se déchargent si vite ; mais bon, on peut quand même se retenir quand la charge baisse fortement.
Les puces, elles, vont tchatcher dès potron-minet et sans faiblir toute la journée : normal, il leur faudra bien avertir leurs experts (robots, bien entendu) des calories que vous venez de prendre, de votre taux d’alcoolémie, j’en passe … Et ces derniers vous avertiront des risques que vous prenez – ou votre assureur, votre banquier ou votre médecin, si nécessaire !
Dans le vaste et magnifique monde de l’IoT, malheur à ceux qui ne disposeront de batteries puissantes ! Aujourd’hui, sans téléphone et Internet mobile, vous êtes mort : nul ne peut vous joindre, vous ne pouvez signe de vie à personne.
Grâce aux puces de l’IoT, dès midi vous allez vous retrouver sans batterie … virtuellement morts !
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28/01/2016
Persona, étrangement humain
Surprenante exposition qui commence au Musée du quai Branly, intitulée Persona, étrangement humain.
Exposition qui rapproche des œuvres de la pensée mythique et des créations plus contemporaines sur le thème de la robotique : une figurine anthropo-zoomorphe inuit provenant de l’île d’Ammassalik au Groenland y côtoie le robot Berenson, né en 2011 de la rencontre d'un anthropologue, Denis Vidal, et d’un roboticien, Philippe Gaussier ; une spatule vomitive anthropomorphe (sic) Taïno de la Martinique voisine avec les créations récentes de l’artiste coréenne Wang Zi-Won.
Le roboticien japonais Masahiro Mori, connu pour ses recherches « sur les réponses émotionnelles des entités non-humaines », dixit Wikipédia, « montre que plus une créature artificielle a forme humaine, plus elle a de chances de créer de la curiosité, de l’empathie et de l’attachement » – et là, je cite le catalogue de l’exposition – mais aussi que « un trop grand degré de réalisme crée chez la plupart des gens un sentiment de malaise, d’étrangeté, voire du rejet ou de la répulsion ».
Est-ce pour cela que les créations contemporaines ressemblent tant aux sculptures antiques, pour construire une barrière avec l’humanité ? Ou parce que les artistes y projetaient leurs propres peurs et répulsions ?
En regardant les robots qui pullulaient au CES de Las Vegas, on a quand même l’impression que certaines frontières sont en train de s’abolir ; pareil quand on s’apprête à caresser le petit chat électronique de Hasbro, destiné à tenir compagnie aux personnes âgées.
Les écrits de Mori datent des années 70, une époque quasi préhistorique … Nul doute que si le Musée du quai Branly actualise son exposition dans quelques années, les organisateurs pourront s’interroger sur les étranges restes de non humanité que l’on pourra découvrir dans certains clones presque parfaits : des archétypes séculaires sont en train de sombrer à une vitesse folle.
17:14 Publié dans Culture(s) | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | |