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02/02/2015

Vive l’éponyme et à bas les cuistres

Cuistre.jpgLes commentaires laissés sur les blogs permettent de découvrir deux populations aussi bêtes l’une que l’autre :

  • Les petits malins qui copient un peu partout des « C’est super, merci de ce témoignage passionnant », juste pour pouvoir ajouter un rétro-lien dans la signature, histoire de tromper Google et améliorer son Page Rank ;
  • Les cuistres qui estiment en droit de donner des leçons à tout le monde – c’est les plus rigolos, ils n’ont pas grand-chose à faire, sinon se couvrir de ridicule.

Exemple celui ajouté à ma note Les pionniers du personal branding : « A bas l'éponyme ! Ce terme employé à tort et à travers par des plumes qui voudraient se faire passer pour érudites ne signifie nullement du "même nom" (homonyme), mais à la rigueur qui "donne son nom à". Dans ce cas on voit mal comment le blogue du sieur Robert Scoble pourrait être "éponyme" à moins de considérer que dans la société du brouhaha virtuel on n'accède plus à un état civil que lorsque l'on a commencé d'exister sur Internet. » ; et de conclure : « C'est grotesque Monsieur ».

Il y a donc des puristes de la langue pour faire des croisades contre l’usage malheureux d'éponyme, ou plutôt des cuistres : « pédants qui étalent avec vanité des connaissances souvent mal assimilées ».

Ou des nostalgiques … du temps où François de Malherbe recyclait ses condoléances et autres consolations ! Vous savez : « Et rose, elle a vécu … ».

Car n’en déplaise à mon cuistre, la langue française ne saurait se confondre avec la latine, elle complètement rigidifiée : la langue française est vivante !

Outre les cuistres, il existe donc deux types de linguistes :

  • Ceux pour qui la langue française est une langue morte, codifiée au XVII° siècle et qui ne doit surtout pas bouger ; même l’Académie Française a revu sa position, depuis Richelieu !
  • Ceux qui acceptent les évolutions parce que sans elles, notre langue serait justement … une langue morte ! Heureusement que ces gens irrespectueux des vieilleries existent, sinon jamais nous n’aurions eu le plaisir de découvrir Du Bellay, Ronsard et leurs copains de la Renaissance. Plus récemment Céline, Robbe-Grillet, etc.

Bref, même si certains passéistes le réfutent avec horreur, éponyme a subi les influences anglaises et désigne désormais celui qui donne son nom et l’objet qui le porte : scandaleux pour certains, un fait acquis pour les autres … même pour Larousse : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9ponym... !

Certes le débat entre les classiques est loin d’être tranché, puisque Wiktionary  http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ponymie accepte l’anglicisme et Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ponymie le condamne, mais chacun reste libre de préférer les langues mortes aux vivantes. D’ailleurs, les censeurs de Wikipédia ne s’affublent-ils pas eux-mêmes du doux nom de bureaucrates ?

Récemment le Guardian a traduit le discours sur l'Etat de l'Union d'Obama en émoticônes : quel scandale … enfin certainement pour mon cuistre ! Mais l’anglais n’est plus depuis longtemps la langue de Shakespeare … que bien de nos contemporains auraient du mal à comprendre d’ailleurs.

Il faut accepter toutes les dérives du langage : sinon, on enterre la langue et notre culture.

Sans Gainsbourg, rien ne serait classieux ; sans Rimbaud, rien d’abracadabrantesque.

Certes, on ne doit pas confondre poètes iconoclastes (attention, à ne pas prendre au sens premier) et baragouineur, qui usent de solécismes et autres barbarismes : mais attention, bien souvent les premiers ne font que reprendre à leur compte les tournures des seconds !

Certes, il sera toujours désagréable de lire des papiers bourrés de fautes d’orthographe les plus basiques ; mais – mis à part que certains correcteurs automatiques en génèrent autant qu’ils en suppriment – cela ne signifie pas pour autant qu’il faille sacraliser à jamais les kyrielles d’exceptions de notre grammaire.

Et surtout, considérer que la sémantique a pour seul objet le passé.