07/06/2011
Weekend à Amsterdam
Il en va du marketing touristique comme du reste : il ne suffit pas d’avoir un bon produit – ou plutôt un produit attractif, ce qui est relativement différent –, un peu de bonnes relations clients ne devraient pas nuire à l’affaire.
Prenez Amsterdam : le produit est attractif – mais finalement pas si bon, comme nous allons le constater –, même si le client (le touriste) n’est qu’un cochon de payant …
Et de toutes façons, il est là, alors exploitons-le jusqu’à l’os !
Et bien sûr, les plus prompts en la matière, ce sont les restaurateurs.
Premier repas : je demande au serveur ce que mangent mes voisins, un plat de grillades, pas original – mais soyons clair : on ne va pas en Hollande par passion gastronomique ! Bref, le garçon m’indique un plat imprononçable sur la carte à 10€ … qui se transforme en un autre plat au moment de l’addition, à 15€.
Reconnaissons-le, tous les gargotiers ne sont pas aussi grossiers : prenez par exemple le patron du Rembrandt Corner, qui officie juste à côté de la maison du peintre. 2 salades, 2 bières = 26 euros. Mais la note, qu’il faut réclamer, il ne la donne pas en « service standard », la note donc est de 25,4€.
Vous vous étonnez – enfin, je m’étonne : « Je n’ai pas de petite monnaie » ; mais bien sûr, il va la chercher sa petite monnaie. Le temps de finir mon verre, j’observe son manège : il arrondit toutes les additions … 30, 40 centimes de gratte, par quelques centaines de touristes par jour, il n’y a pas de petits profits … d’autant qu’aucun de ses prix ne sont ronds.
Tout est fait pour les touristes … enfin, pour les faire payer. Prenez les musées : le Van Gogh, qui se visite assez vite vu que les œuvres maîtresses sont disséminées de par le monde, coûte 14€ … à comparer aux 10€ du Louvre où l’on peut se perdre durant de longues heures.
Donc service clients … plutôt médiocre.
Mais un produit attractif : Amsterdam, pour pas mal de gens de ma génération, demeure un mythe ; j’y suis venu en auto-stop à 18 ans, couchant dans les parcs, mais j’ai eu la chance d’y écouter un splendide concert des Who ! Ah ! les accords implacables de Pete Townshend …
Et puis, il y a ces canaux qui fascinent …
Et puis il y a la drogue, et puis il y a les prostituées : car le tourisme, à Amsterdam, c’est aussi ça. D’où le syndrome de Las Vegas, et la tentation de faire payer au prix les « à côté ».
A Las Vegas, les premiers touristes venaient se marier et divorcer : ça ne rapportait pas gros, mais ils patientaient dans les casinos ; aujourd’hui, les touristes viennent pour jouer … et on leur offre presque tout le reste, des hôtels discountés et d’immenses buffets presque gratuits.
A Amsterdam, venir fumer quelques joints ou visiter les dames œuvrant dans le Quartier Rouge se paie aussi … par des nuitées prohibitives et des repas d’un rapport qualité prix détestable. Comparez juste le prix des chambres à l’Ibis près de la gare à ceux de Paris.
Cela étant, les clients des « dames » restent plutôt discrets, furtifs ; et les fumeurs de joints planent en silence dans le coin des coffee shops, nombreux d’ailleurs dans le même quartier du Dam.
Sur, et au bord des canaux, naviguent d’autres touristes – mais en fait, je ne saurais dire si la faune est autochtone ou non : aux vociférations, elle n’est pas française, ni anglaise, ni allemande, ni italienne ou espagnole …
Mais force est le constater, sur et au bord des canaux, il y a de la viande saoule – très saoule : un ami s’étonnait qu’on y enterre tant de vies de garçons, tous les jours ; quoiqu’il en soit, même s’il demeure attractif, le produit n’est plus tout à fait aussi bon.
Le produit demeure attractif … tant qu’on ne l’a pas consommé : combien de temps le restera-t-il ?
Un autre mythe – car l’Amsterdam baba cool des années 70 en est déjà un, hélas défunt – auquel il convient de tordre le cou, c’est celui des paisibles cyclistes écolos disciplinés : faire descendre un con de sa voiture pour le mettre sur un vélo ne le transforme pas ipso facto en citoyen sensé.
A Paris, les vélos souffrent des conducteurs arrogants (souvent en 4X4) qui les méprisent comme de malheureux pauvres ; à Amsterdam, les piétons ont intérêt à se serrer : vae victis !
Le pédestre devra éviter la chaussée, réservée aux autos et aux trams ; les pistes cyclables, souvent aménagées … au beau milieu des trottoirs ; et les trottoirs, où sont garées les bicyclettes, comme le montre la photo ci-dessous.
Le plus bas dans l’échelle des espèces a toujours tort – ici, c’est le piéton ! Mais heureusement, ne parlant pas hollandais, je n’ai pas compris les insultes qui m’étaient adressées.
Alors pourquoi visiter la capitale des Pays-Bas ?
Bonne question …
Une fois qu’on y est, on peut flâner au bord des canaux, un peu plus loin dans l’Ouest – au-delà de la Maison d'Anne Frank ; où dans l’Est – au-delà de l’Amstel : là, il y a moins de touristes … et moins d’arnaque.
Et là, on peut boire un petit café à la terrasse un bistrot tranquille – ou une bière, pour faire local.
De retour dans le centre, en flânant dans les boutiques, on peut découvrir – et acheter – des carottes de glace du Pôle Nord : belle aberration écologique ! Ou cette étrange décoration de vitrine à base de burqas …
23:24 Publié dans Un peu de bon sens | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | |