31/08/2006
Tentative d’assassinat
« Rock is not dead », signait Jean-Paul Huchon, Président de la Région Île-de-France dans le Programme Officiel de Rock en Seine : ce n’est pas faute d’avoir essayé à coup de sono mal réglée !
Je ne parlerai même pas de la minuscule scène de l’Industrie, où les organisateurs n’hésitèrent cependant pas à reléguer TV on the radio, mais de la scène de la Cascade, bien plus vaste, où les spectateurs pouvaient choisir entre sonorités criardes et voix inaudibles, ou au contraire un magma étouffé… en se plaçant avant ou après l’immense écran électronique planté au beau milieu de la pelouse !
Résultat : le massacre le plus complet du concert des Raconteurs, nouveau groupe de Jack White, le chanteur, guitariste et pianiste des – provisoirement ? – défunts White Stripes ! Quel gâchis : les Raconteurs constituent certainement le groupe de rock le plus créatif de la scène américaine d’aujourd’hui. Et quelle surprise : alors que l’on attendait Patrick Keeler à la batterie, comme sur l’album, c’est Jack White himself qui s’empare des baguettes.
Bref, je n’ai qu’une hâte : écouter les Raconteurs dans une vraie salle !
Même remarque concernant Clap Your Hands Say Yeah, l’autre découverte américaine de l’année, que le bouche à oreille – le buzz, pour parler marketing ! – a su s’imposer au point de les rendre incontournables : à suivre de très près.(1)
Seule la Grande Scène bénéficiait d’une sono à la hauteur. Et encore, les Dirty Pretty Things ont eu à souffrir de quelques distorsions criardes ! Seul Morrissey a bénéficié de bonnes conditions : manque de chance, l’ancien leader des Smiths se contente de débiter ses chansonnettes d’une voix mièvre. Bref, bien loin de la créativité des Raconteurs ou de Clap Your Hands Say Yeah… Les festivaliers ne s’y sont pas trompé, désertant les lieux moins d’une demie heure après le début du show.
Dès lors, j’ai moins regretté de ne pas avoir pu trouver de billet pour le samedi : le seul concert de Radiohead cette année à Paris ; mais finalement, cela aurait été bien triste de les écouter dans de telles conditions.
Rock en Seine, c’est vraiment une machine bien huilée, qui sait où aller chercher les vedettes qu’il faut, avec des spectacles qui débutent à la minute près, ou presque. Très professionnel… sauf que les organisateurs semblent bien se moquer des artistes et des spectateurs en négligeant totalement la technique : triste, très triste… Pompe à fric ?
Rock is not dead : mais pourquoi Marketing is dead accorde-t-il une si grande place à la musique électronique ?
Tout d’abord, parce que j’aime le rock et la pop, des origines – Pink Floyd, Beatles et autres Led Zeppelin – à aujourd’hui – Radiohead, Elysian Fields en passant par Franz Ferdinand. Et une passion, ça se partage !
Ensuite, parce que la musique occupe une place prépondérante dans la société qui se crée… je ne plaisante pas !
Elle occupe une place prépondérante parce les jeunes, dans leur grande majorité, ne peuvent vivre sans musique – aujourd’hui comme hier, je retrouve chez mon fils la flamme qui animait mes 19 ans.
Avec deux différences, cependant.
La première est les 15/25 ans servent de plus en plus de référence à leurs aînées – parce que maîtrisant mieux que ces derniers les nouvelles technologies : l’inverse très exactement d’il y a un quart de siècle, quand nous collions nos pas dans les traces des plus de 25 ans.(2)
Dès lors, ce sont eux qui nous imposent leurs comportements – et leurs produits, et notamment les baladeurs mp3.
La seconde est que les majors voient leur piédestal trembler dangereusement(1) : incontournables aux débuts des Rolling Stones en Angleterre ou de Bob Dylan aux Etats Unis, elles se voient bousculer par les Clap Your Hands Say Yeah et autres Arctic Monkeys. Jusqu’à Radiohead dont le chanteur Thom Yorke vient de sortir son premier album solo chez un indépendant.
Ce nouveau souffle libérateur éperonne la créativité – le même enthousiasme unit les jeunes d’aujourd’hui autour de leurs baladeurs mp3, comme ceux d’hier autour de leurs Teppaz et autres électrophones portables.
La musique, au travers de ses objets, de ses personnalités, des comportements qu’elle suscite, etc. constitue certainement un des meilleurs laboratoires sociétaux d’aujourd’hui.
Pour finir, une anecdote tirée de Wikipédia, sur les Raconteurs : en Australie, il existe déjà un groupe utilisant le nom de The Raconteurs. Comme celui-ci demande plusieurs millions de dollars pour céder son nom, les Raconteurs sont devenus les Saboteurs en Australie.(3)
(1)Voir la note du 13.05.2006 intitulée : Retour sur les Arctic Monkeys
(2)Voir la note du 02.04.2006 intitulée : Le futur ne se crée pas, l’œil rivé dans le rétroviseur
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