Concert pour la paix en Corée
16/10/2010
Mardi 12 Octobre avait lieu Salle Cortot un « Concert pour la paix en Corée », avec l'Ensemble international de Paris : au programme, des œuvres de compositeurs Européens et Coréens, dont LIM Sun Ae, venue spécialement de Berlin pour la soirée.
A la baguette, un jeune chef : Thibault Perrine. Au chant, une soprano : Jang Yuree, un ténor : Chung Ook, et une basse : Kim Chul Jun.
Et à la manœuvre pour organiser la soirée, l'Association Appassionata Sorisarang, et sa Directrice artistique : Gabrielle Yoonseong Guyonne.
MarketingIsDead : La Corée est le dernier pays à souffrir des stigmates de la seconde guerre mondiale, maintenant que le Mur de Berlin n'existe plus depuis plus de 20 ans : comment un peuple peut-il supporter une telle situation, et sentir la souffrance quotidienne de ses frères ?
Gabrielle Yoonseong Guyonne : La vraie séparation physique a eu lieu pendant la génération dont les membres ont aujourd'hui 70 ans et plus en Corée.
On est en train de perdre la mémoire de cette dernière génération. Ceux qui sont nés et ont grandi après 1955 ont connu cette division comme un tabou psychologique.
A l'époque de la dictature, personne ne pouvait exprimer en public son opinion sur ce sujet. La moindre remarque sentimentale pouvait être prise pour l'expression d'une idéologie communiste et beaucoup de gens ont été enlevés et réprimés pour cela.
J'appartiens à cette génération qui n'a pas eu d'information transparente par les médias ou par l'éducation.
J'ai eu l'occasion, à Paris en 2009, lors d'une remise de Prix pour la Prévention des conflits en Corée par la Fondation Chirac, de rencontrer et d'accompagner l'ancien Ministre Coréen du Sud de la réunification Monsieur PARK Jae Kyu. C'est un homme remarquable qui, toute sa vie, a exploré les voies d'une réunification. J'ai été surprise de comprendre à quel point il est urgent, de parler et de donner l'initiative aux nouvelles générations.
J'ai compris que ce silence étouffant et l'impossibilité de le rompre étaient la cause d'une réelle souffrance pour nous.
MarketingIsDead : Vous organisez ce magnifique « Concert pour la paix en Corée » : pourquoi une telle initiative, surtout aujourd'hui que la Corée du Nord hausse le ton pour préparer la succession dictatoriale ?
Gabrielle Yoonseong Guyonne : Pour moi, il ne s'agit non pas de juger qui que ce soit, mais de s'informer et d'essayer de comprendre.
J'ai remarqué que les étrangers s'intéressent plus à notre sort que nous les Coréens. Les gens s'habituent vite à l'ignorance. Je suis toujours révoltée de voir cette indifférence des gens.
En tant que pianiste, en tant qu'artiste, j'ai la musique comme moyen de faire passer le message. J'espère que ce concert a permis de révéler la conscience de notre devoir envers notre histoire.
MarketingIsDead : L'Ensemble international de Paris se compose de musiciens de différentes nationalités, en majorité des Coréens : pourriez-vous m'en dire plus sur cette formation et ses ambitions ?
Gabrielle Yoonseong Guyonne : Comme tout le monde le sait, la musique est un langage universel.
Depuis un an, j'ai rencontré des musiciens talentueux motivés et sincères. Petit à petit, ça s'est fait naturellement ... De fait, vouloir réunir un ensemble sans vrai motivation sincère est impossible, matériellement parlant.
On a eu beaucoup de chance d'arriver, avec bien des difficultés, et sans avoir tous les matériaux qu'il faut, à créer l'émotion pendant ce concert. S'unifier ainsi en jouant ensemble était un immense bonheur pour l'ensemble des musiciens et aussi, nous l'espérons, pour le public.
Je pense que la paix et, si j'ose de vouloir aller plus loin, la réunification de la Corée un jour doit passer dans cet esprit, se sentir réunsi, se comprendre en harmonie dans la générosité et l'émotion.
Photo prise du sommet de la Seoul Tower : Paris est à 8908 km de Paris.
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