Orwell c’est ici et maintenant, chez votre banquier
13/02/2015
Dimanche dernier, tranquillement installé devant l’écran de mon ordinateur, je planifiais mes prochaines vacances en Birmanie et réservais billet d’avion, hôtels, bateau : bref, tout ce qui convient pour un voyage sympa, étudiant les photos publiées par d’autres voyageurs sur TripAdvisor avant de cliquer sur le site offrant les meilleurs prix.
Soudain, alors que je validais un vol intérieur sur Air Bagan : « Votre banque a refusé la transaction ». En quel honneur : mon compte est approvisionné et je n’ai pas atteint la plafond de ma carte de crédit. Alors ?
Mail à ma banque … mais c’est dimanche, et la Banque Populaire respecte scrupuleusement le repos dominical.
Le lundi, mon agence est fermé.
Le mardi matin, je reçois un appel édifiant, non de mon agence qui n’est au courant de rien, mais du service de lutte contre la fraude (sic) de la Banque Populaire qui me demande tout de go si j’ai effectué des achats ce dimanche sur tel ou tel site : je lui rétorquerais volontiers en quoi cela le regarde, mais comme il a accès à toutes mes transactions, il doit être au courant …
Je lui demande si par hasard c’est pas lui, le responsable du blocage de ma carte : bingo, c’est lui … et pas lui.
Les banques françaises ne disposent pas d’outils automatiques que pour le trading : ils ont mis également au point pour fliquer leurs clients ! Vous effectuer un peu trop d’achats à l’autre bout du monde : peut-être que vous préparez vos vacances … ou qu’on vous a volé votre carte. Résultat : le système la bloque par précaution.
Je dis bien le système, parce qu’il n’y a personne pour contrôler ce que fait la machine, et que le gars qui est censé la surveiller ne revient que le lundi ; et comme c’est un gros travailleur, il lui faut encore 24 heures de plus pour contacter le client : j’espère que tous réagissent comme moi et qu’il passe un mauvais quart d’heure à chaque fois.
Car la procédure mise en place ne protège strictement pas le client mais la banque : le Code monétaire et financier le précise bien, le client n’est en aucun cas responsable : « En cas d'opération de paiement non autorisée […] le prestataire de services de paiement du payeur rembourse immédiatement au payeur le montant de l'opération non autorisée ». Bref, s’il y a fraude, c’est pour la pomme du banquier ; que ce dernier mettent en place des procédures pour se protéger, soit ; mais qu’il n’y ait personne pour surveiller ce qui se passe, c’est Dantesque !
Le big data, dans la banque, ce n’est pas un mythe : c’est une réalité. Les risques de dérives ne sont pas envisageables : ils sont réels, concrets.
Imaginez, vous êtres à l’autre bout de la planète et vous effectuez quelques emplettes dans les magasins typiques … et zou, un ordinateur français décide soudain que ça suffit, et vous bloque le seul moyen de paiement en votre possession : facile le lendemain matin de régler sa note d’hôtel !
Et priez que ça ne vous arrive pas dans un pays aussi sympathique que les USA : vous êtes énervé de ne pas avoir pu acheter le petit cadeau que vous convoitiez, vous glissez dans la rue … et l’hôpital refuse de vous soigner parce que pas de carte de crédit valide.
Orwell c’est ici et maintenant, chez votre banquier.
2 commentaires
François, ce billet d'humeur m'étonne beaucoup car il fait du rase-motte avec le café du commerce, et tu ne nous a pas habitué à cela.
Sur le principe, les process de contrôle sont à la fois pour protéger le client et la banque. Et ce n'est pas de la langue de bois.
Imagine maintenant que tu reçoives ton relevé bancaire sur lequel sont prélevés quelques milliers d'euros sur un achat que tu n'as pas fait et que la banque le laisse passer. Comment serait ton billet?
Là ou tu as raison de t'interroger c'est pourquoi pendant le week-end il n'y a pas de permanence et qu'il faille attendre le lundi pour avoir des nouvelles? Mais Macron est déjà à la peine.
Avec toute mon amitié.
@Stephane
Désolé, mais le client est protégé par la loi : en cas de fraude, la banque n'a d'autre choix que de le rembourser.
Par contre, l'empêcher d'utiliser sa carte de crédit pendant 48 heures, c'est totalement inadmissible.
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