Les 96 heures de concerts Télérama
07/11/2011
Du 24 au 27 novembre 2011, se déroule la troisième édition des 96 heures de concerts Télérama : avec le pass 96 heures de concerts (à découvrir dans les numéros des mercredis 9 et 16 novembre), c’est une place offerte pour une place achetée, dans plus de 180 salles à travers toute la France.
Pour en parler, rencontre avec Frédéric Péguillan.
MarketingIsDead : Frédéric, peux-tu en deux mots résumer ton parcours et tes passions ?
Frédéric Péguillan : Je suis rédacteur en chef de Télérama Sortir (et de son site internet sortir.telerama.fr), le supplément francilien de Télérama consacré aux sorties culturelles, depuis 1998. Auparavant j'ai été journaliste au service télévision de Télérama (1991-1998), pigiste pour divers titres (Evénement du Jeudi, Guitares et claviers…) et journaliste à Télé Poche (1987-1990). Mes passions sont essentiellement musicales (rock surtout et reggae-dub, mais aussi une certaine électro). Je suis aussi l'initiateur et le programmateur du Télérama Dub dont la 9e édition se tient cette année du 12 au 26 novembre dans une dizaine de villes en France.
MarketingIsDead : Télérama lance la 3ème édition des 96 heures de concerts : en deux mots, c’est quoi, ces 96 heures de concerts ?
Frédéric Péguillan : C’est pour les amateurs de concerts et ceux qui le sont moins, la possibilité pendant 4 jours de bénéficier d’un tarif réduit aux salles de concert près de chez soi et de peut être, nous l’espérons, faire découvrir ou re-découvrir les salles de concert « près de chez soi ».
C’est aussi l’occasion de mêler les genres musicaux, donc pour les plus curieux des acheteurs de Télérama d’aller écouter d’autres musiques.
C’est enfin le résultat d’un long compagnonnage entre les lieux de concert, Télérama et ses lecteurs et une opportunité pour resserrer ces liens avec une action très concrète.
MarketingIsDead : 3ème édition, donc un peu de recul : comment ce sont passées les précédentes éditions ?
Frédéric Péguillan : Moins de 140 salles sur la première édition, plus de 150 la deuxième, plus de 180 cette année. Dès le début, les salles ont joué le jeu, le fait qu’elles reviennent et soient plus nombreuses chaque année montre l’intérêt et la pertinence des 96 heures de concerts.
MarketingIsDead : Je te propose de nous recentrez sur la pop et le rock, auxquels j’ai depuis longtemps habitué mes lecteurs : comment évolue la scène pop rock ces dernières années, on parle beaucoup du grand retour du spectacle « live » versus la musique en boite (= le CD) ?
Frédéric Péguillan : Les artistes ayant du mal à vendre des disques, ils se sont logiquement tourné vers le « live » pour vivre. D'où cette profusion de concerts, parfois gratuits, souvent chers. Mais la fréquentation commence elle aussi à baisser. Sans doute parce qu'il y a trop d'offres. Les petites salles sont, comme toujours, les première à morfler.
MarketingIsDead : Cela suppose de grands mouvements, de grandes réorganisations sur le marché de la musique : si la musique a encore de beaux jours devant elle, ce n’est pas nécessairement le cas de l’industrie musicale ; pour toi, qu’est-ce qui se préfigure à l’horizon ?
Frédéric Péguillan : De nouvelles pistes sont en train de ses dessiner. La suppression d'intermédiaires (distributeurs) qui favorise le contact direct entre les artistes et leur public, notamment grâce aux réseaux sociaux.
En fait, tout est parti de la révolution numérique. N'importe qui ou presque peut désormais réaliser des morceaux de qualité professionnelle chez lui avec de bons outils informatiques.
D'où cette profusion d'artistes qui plus est dans un monde où tout le monde veut avoir son heure de gloire, phénomène favorisé par les émissions type Star Ac ou Nouvelle star. Mais le tri se fera naturellement. Seuls les vrais artistes survivront. Et les supports type CD disparaîtront vraisemblablement pour laisser place à la musique dématérialisée. Mais le « live » survivra.
MarketingIsDead : Et comment un magazine comme Télérama peut-il accompagner ces évolutions ?
Frédéric Péguillan : Notre travail à nous journalistes et experts est de faire le tri dans cette quantité de musique. Notre rôle de critique est important.
Non pour attribuer des bons ou des mauvais points mais pour éclairer, pour montrer que tel artiste apporte quelque chose de nouveau ou prolonge un cycle. Ou, au contraire pour expliquer que tel groupe n'est qu'une resucée d'un autre ayant existé 30 ans auparavant et que la copie n'est rien à côté de l'original.
Les lecteurs de Télérama nous font confiance. C'est une chance. A nous d'être rigoureux et exigeants. L'exigence est capitale. Il fut un temps où le public d'un concert pouvait jeter un artiste car il n'était pas satisfait de la prestation ou, au contraire, manifester sa joie de façon beaucoup plus enthousiaste quand le concert était splendide.
On ne voit plus çà aujourd'hui. Le public a payé et il est content. C'est triste que les gens n'aient plus de regard critique. A nous journalistes d'essayer de leur faire retrouver.
MarketingIsDead : Enfin une question plus « personnelle » : je trouve que cette année, mis à part quelques belles pépites comme le dernier album des Cars, des Kills, et Rome de Danger Mouse & Daniele Luppi, la production a été plutôt décevante, en témoignent les derniers opus des Strokes ou de Rem, voire de Radiohead : un moment de faiblesse, ou l’attente de nouveaux géants ? D’un nouveau Nirvana ?
Frédéric Péguillan : Depuis toujours, mais encore plus aujourd'hui, les musiciens s'inspirent les uns des autres. Il est vrai que les disques exceptionnels sont rares. On doit compter entre 3 et 4 chefs d'œuvre par an. Et encore.
Récemment l'album de Jonathan Wilson m'a réellement enthousiasmé. Comme celui, reggae pop, de Hollie Cook la fille du batteur des Sex Pistols. Mais il ne faut pas désespérer. Il y aura bien un jour ou l'autre de nouveaux géants. Mais c'est vrai que pour sortir du lot il faut être sacrément bon et surtout réussir à se faire connaître au milieu de tout ce monde.
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