On ne se méfie jamais assez !
13/05/2011
La récente « affaire » du sondage Harris plaçant Marine Le Pen en tête au 1er tour de la présidentielle – voir mon papier ici – l’a prouvé, quand les journalistes abordent un sujet qu’ils ne maîtrisent pas, les risques d’erreur deviennent gigantesques !
Récemment interviewé par un rédacteur de Veille Mag (un titre spécialisée dans la veille), je me suis vu attribuer ces propos :
Pour François Laurent, les Access Panel, fichiers de milliers d'emails, ne sont pas représentatifs. « D'autant plus qu’il arrive que les internautes sont payés pour participer ».
Evidemment, je bondis en relisant ces lignes et demande à modifier ce qui ne correspond EN AUCUN CAS à ma pensée : manque de chance, le journaliste a négligé de me faire relire les citations qu’il m’attribue … à partir de simples notes, et non d’un enregistrement.
Et c’est parti à l’imprimerie !
Alors pour ceux qui tomberaient sur cet « interview », vous pouvez tourner la page : j’ai à peu près dit … l’inverse.
A savoir aucune méthode de recueil n’est parfaite, et qu’il vaut mieux maîtriser les biais que de les nier ; l’indemnisation des panélistes n’est pas neutre, pas plus que les non répondants absolus dans le cas d’un recueil téléphonique.
Ce qui est devenu sous la plume du journaliste – mais attribué à votre serviteur : « Il y a quelques années, on travaillait par téléphone. Seule une personne sur six ou sept répondait » : on est un peu loin du compte !
Tout cela pour dire : méfiez-vous des citations – et le reste est de la responsabilité du journaliste.
1 commentaire
Le sujet des études et des sondages est un puits inépuisable de mauvaises interprétations et d'approximations, non seulement par les journalistes ou autres "outsiders" mais aussi -j'en ai fait l'expérience sut le terrain - par des professionnels peu scrupuleux quant à la maitrise des biais de questionnement qui sont, comme tu le rappelles à juste titre, le nœud du problème (voir mon article sur les 22 biais les plus courants sur http://visuonarymarketing.com).
Dernière expérience en date, le remplissage un questionnaire à JFK à New York le mois dernier pour le compte de l'office du tourisme américain où les questions étaient tellement mal posées et redondantes qu'au bout de 15 min de souffrance j'ai abandonné ce questionnaire censé durer 5 minutes seulement (auquel je n'aurais d'ailleurs pas dû répondre en tant que professionnel du marketing).
Ce sujet déjà mal maltraité dans le privé est, quand il est plongé dans la politique, plus propre à rentrer dans la 4e dimension que l'analyse rationnelle. Il ne faut pas non plus négliger le fait que ces sondages sont, quand ils sont publics, aussi voire surtout des outils de propagande. La question des biais devient alors dans ce cas superflue voire même carrément hors sujet.
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