Plagia ou pub pour midinette ?
26/04/2010
Annonçant "150 milliards de couleurs", "full HD" et "écran 178 cm", la dernière publicité Citroën pour son C4 Picasso Visiospace joue avec succès sur les codes publicitaires : le spot commence comme un spot pour un nouveau téléviseur avant que le spectateur ne s'aperçoive qu'il vante un monospace.
Pourtant, par delà le coup créatif et la réalisation soignée, plusieurs questions se posent.
Tout d'abord, puiser ainsi dans l'univers publicitaire de l'électronique grand public légitime la capacité d'innovation de ce secteur ... et affirme à rebours l'incapacité du secteur automobile à innover : la métaphore permet d'enrichir la voiture de valeurs qu'elle n'a pas, les puiser dans un autre secteur technologique institutionnalise la faiblesse - les manques - de cette dernière.
Signe de faiblesse ... ou faiblesse de créativité ?
L'autre interrogation est bien là : l'agence de Citroën ne puise pas dans l'imagerie publicitaire du secteur de la télévision - dans une sorte d'inconscient collectif - mais plagie ouvertement un spot Sony ... enfin, plutôt fadement.
Tout commence pas des couleurs : ballons multicolores qui dévalent les rues de San Francisco pour Sony, ballons et cerfs-volants multicolores qui s'envolent dans le ciel pour Citroën ; chanson folk avec accords de guitare très marqués dans les deux cas, le chanteur suédois José González sonnant presque plus américain que le groupe de Chicago Plain White T's - ce dernier un peu guimauve figure également au générique d'Alice de Tim Burton.
Puiser aussi ouvertement dans un univers qui n'est pas le sien ne constitue pas une preuve de créativité : certes Sony ne réutilisera certainement pas un spot pour un produit aujourd'hui dépassé, d'où peu de risques de carambolages.
Mais ce dernier a suffisamment marqué pour qu'il ne reste pas un vague souvenir de "déjà vu plaisant", un peu comme lorsque l'on entend une vieille chanson dont on n'est plus trop capable de retrouver le nom.
Un peu comme les chansons de Plain White T's, pas désagréables, juste du rock "pour midinette", qualificatif qui leur colle un peu à la peau sur la toile.
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