Où vont passer les sous des annonceurs ?
13/01/2009
Avec la suppression de la publicité sur le service public, l'année 2009 s'amorce bizarrement : qui seront les gagnants et perdants de cette situation inédite ?
Ben ... personne !
Pas les téléspectateurs bien évidemment : théoriquement, des chaines sans publicité, c'est mieux ; mais avec des conditions de financements aussi précaires, faut pas rêver !
Par les chaines de télévision historiques, TF1 et M6 en tête : d'ailleurs, les premiers résultats en terme d'audience le prouvent ; quant à celles de la TNT, elles continueront à bénéficier de transferts déjà considérablement entamés. En d'autres termes, le (supposé ?) cadeau de Nicolas à ses copains tient plus de boite vide entourée d’un beau papier avec une belle faveur ...
Les investissements vont-ils dériver vers Internet : certainement, mais pas systématiquement.
Pas systématiquement, parce qu'Internet demeure aujourd'hui encore un média nettement moins gourmand, financièrement parlant : il y a de fortes chances qu'une partie des sommes traditionnellement engagées ... disparaissent au beau milieu du gué, crise financière aidant (on aurait tort de l'oublier, celle-là).
Pas systématiquement, parce que, surtout, les modèles économiques ne sont pas les mêmes : n'oublions pas que le grand vainqueur publicitairement parlant de la toile s'appelle Google. Un Google qui ne vend pas de l'espace au sens classique du terme : juste des mots clefs !
Le basculement des "30 secondes" de France Télévision sur la toile ne s'effectuera donc pas si directement . Non, pour les annonceurs, Internet consomme beaucoup moins d'argent ... mais beaucoup plus d'énergie, de temps.
Un site "2.0" revient bien moins cher qu'un spot à 20 heures 30 sur une chaine leader ; mais là où les efforts s'arrêtent avec l'envoi de la vidéo à la régie, ils commencent à peine dans le cas d'une action "2.0" : le "2.0" est chronophage.
Les nouveaux sites médias comme Rue89, Mediapart, Backchich.info … tirent autant de revenus de la vente de leur savoir faire que de celle de leur espace publicitaire : exister ne signifie plus copier, mais inventer ...
Entre quelques poids lourds du "2.0" comme Rue89 et la kyrielle des blogs anonymes, pour lesquels ne se pose aucun problème de financement - certains ne constituant que la vitrine d'un autre savoir faire - quelle sera la place, en 2009 pour une presse Internet de qualité ?
Difficile de se prononcer : ce qui est certain, c'est que ceux qui sauront se montrer imaginatifs se développeront ; ceux qui attendront les yeux rivés vers le ciel que tombe la manne publicitaire en provenance du service public s'exposent à de lourdes désillusions.
2009, l'année de tous les espoirs et tous les dangers sur la toile ? Certainement, et ce n'est pas vraiment l'arrêt de la publicité sur France Télévision qui modifiera la donne : le mouvement était déjà bien entamé auparavant.
Analyse publiée dans Grizzly press.
1 commentaire
Concernant le web 2.0, 2009 s'annonce en effet comme une année de remise à zéro où il va falloir tout réinventer... si une partie de budget permet d'élaborer enfin des vraies plateformes numériques avec des stratégies à long terme incluant du crowdsourcing et de quoi mesurer la valeur des interactions, on aura fait un grand pas.
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