Boulanger, c’est réellement un métier ?
01/01/2012
Vous avez déjà cherché du pain, un soir de Noël ?
Pas le jour du réveillon : toutes les boulangeries sont ouvertes, même celles qui ferment d’ordinaire, histoire de vendre – cher – des tas de pains fantaisies.
Non, je parle du lendemain : j’ai fait le tour de Vincennes, pour me rabattre sur du pain sous plastique dans une supérette.
Intéressant : « l’artisanat rassemble plus de 3 millions d’actifs partout en France », selon le portail éponyme, mais pas un seul capable de vous vendre du pain un soir de Noël : bravo la « première entreprise de France » !
Le prix du blé sur le marché mondial a fortement progressé au cours du premier semestre 2008, pour revenir un an plus tard au prix où il était début 2007 ; et avec un léger effet retard, nous avons pu découvrir affiché sur le comptoir des boulangeries françaises à notre retour de vacances 2008 : « Le prix du blé ayant fortement augmenté, nous sommes désolé de devoir répercuter cette hausse indépendante de notre volonté ».
Bref, on s’en prenait entre 5 et 10 centimes ; heureusement, les boulangers étant des gens délicats, ils se sont bien gardé de répercuter la baisse des mois suivants, certainement par peur de choquer les âmes sensibles !
Car les boulangers sont des gens sérieux : d’ailleurs, « ne peuvent utiliser l'appellation de "boulanger" […], les professionnels qui n'assurent pas eux-mêmes, à partir de matières premières choisies, le pétrissage de la pâte, sa fermentation et sa mise en forme ainsi que la cuisson du pain sur le lieu de vente au consommateur final », selon la loi n° 98-405 du 25 mai 1998, comme le rappelle fièrement le site de Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française – ouf !
Moyennant quoi, les dits boulangers auront le droit d’afficher la panonceau : « Boulanger, c’est un métier ».
Une garantie de qualité ? Pas vraiment : les pains non « spéciaux » (c’est-à-dire à un tarif normal) sont souvent de mauvaise qualité chez les artisans boulangers de France … une autre façon de vous vendre cher ce qui ne devrait être que la qualité basique !
D’ailleurs la définition donnée par la loi de 1998 est éloquente : elle ne fixe pas des normes de qualité, elle se contente d’exclure des concurrents … dont le pain pourrait même être meilleur.
Le corporatisme artisanal est effrayant : en France, on peut être Président de multinationales sans diplôme (légalement s’entend), pas boulanger ou coiffeur !
Fonder une profession sur l’exclusion d’autres professionnels, ne me semble ni une garantie de qualité, ni de démocratie : juste un zest (un reste) de poujadisme ?
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