A quand la promotion du tabagisme ?
21/06/2008
« Suite à la campagne des enseignes E.Leclerc signée Australie, qui expliquait la décision du distributeur de retirer les confiseries pour enfants des devants de caisse, le syndicat de la confiserie annonce la création d’une "Journée nationale des petits plaisirs" qu’il organisera en France le 3 octobre prochain », annonce CB News.
En fait, le distributeur ne faisait qu’appliquer – un peu en avance et en franc-tireur comme toujours, une demande formulée par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, le 4 février, lors d'une conférence de presse organisée sur le thème Nutrition et obésité : car le problème de l’obésité, et qui plus est de l’obésité infantile, constitue désormais un problème réel de santé publique, au même titre que le Sida ou le tabagisme.
En France, près de 9,4% de la population est obèse … sans oublier 37,5% simplement en surpoids, soit près de la moitié de la population concernée !
L’obésité infantile est celle qui présente le taux de progression annule le plus élevé : 2% par an en Europe ; or, une « obésité apparue durant l’enfance entraîne une surmortalité à l’âge adulte estimée entre 50 et 80% », selon Cite sciences. Une paille !
Evidemment, les enfants constituent une cible facile, du petit dernier qui vous fait les yeux doux en sortie de caisse en vous rappelant son bon point de la semaine, à celui qui glisse discrètement la barre chocolatée dans le chariot de sa mère sans mot dire : chez eux, le ça l’emporte toujours sur le sur moi – excusez-moi cette psychanalyse de gare.
Que Leclerc se fasse de la publicité à vil prix, nul n’est dupe – et surtout pas les consommateurs, à considérer ces commentaires laissés sur le Libération : « Il faut encourager cette décision, mais il ne faut pas être dupe, la distribution est en guerre contre les hausses tarifaires de grandes marques peut on y voir là un moyen de pression supplémentaire ! ».
Ou : « On peut penser ce qu'on veut du style de M.E. Leclerc, je crois qu'il faut tout de même saluer cette décision. Comme Saint-Thomas, j'attends un peu de voir, cela dit … ».
La réaction du Syndicat de la confiserie est plutôt surprenante … enfin d’un point de vue éthique, mais je ne suis pas sûr que ce ne soit le cadet de leurs soucis ! C’est ce que l’on appelle être en retard d’une guerre, car nécessairement il faudra prendre des mesures nettement plus drastiques pour lutter contre l’obésité que les quelques en vigueur aujourd’hui.
D’ici quelques années, on se gaussera, ou s’indignera, que des industriels aient pu créer une journée pour nous inciter à manger plus de cochonneries … car il faut bien appeler un chat un chat : imaginez les industriels du tabac décidant de lancer leur "Journée nationale des petits plaisirs de la fumette" – après tout, la loi ne l’interdit pas, si l’on reste le strict cadre des produits vendus chez les buralistes et qu’on se contente de RP sans illégales campagnes publicitaires !
Ridicule ? Un peu comme nous considérerons sans doute dans quelques années ces combats d’arrière garde.
On est loin d’un Teun Van de Keuken, ce journaliste néerlandais qui, fin 2005, a lancé les barres chocolatées Tony Chocolonely pour lutter contre les pratiques esclavagistes en cours dans la production de chocolat – notamment le travail forcé des enfants dans les plantations : un des premiers chocolats éthiques au monde, totalement "slave free" !
Pour l’heure, confiserie rime donc plus en France avec obésité qu’avec éthique : peut-être parce que des sociétés obèses de bénéfices ne comprennent pas nécessairement que l’obésité puisse être un drame. Heureusement qu’il y a des nains comme Tony Chocolonely pour remettre un peu de morale dans un monde de brutes.
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