La gratuité pour tous
08/04/2006
Les autres opérateurs du renseignement téléphonique auraient bien aimé que c’en soit un : perdu ! Car le 1 avril dernier, deux jours avant la disparition définitive du malheureux 12, Free se lançait dans la bagarre du 118 avec son 118 818… gratuit.
Quelle mouche avait bien pu piquer Iliad, sa maison mère, à jeter un tel pavé dans marre, et à renoncer, chemin faisant, au très juteux marché qui se profilait à l’horizon ? Le renseignement téléphonique, ne constituerait qu’une goutte d’eau dans l’océan de ses profits ; et puis, le 118 818 ne serait qu’un produit d’appel vers d’autres services plus lucratifs, comme l’annuaire inversé. Peu importe !
L’important se situe ailleurs, dans le maelström du tout gratuit vers lequel notre société se dirige… au plus grand profit de consommateurs qui s’y adaptent parfaitement : car jamais la chasse à la gratuité n’aura été si sportive ! Plusieurs raisons à cela, et tout d’abord la faute aux médias et aux annonceurs eux-mêmes.
Cela fait des années que magazines télévisés ou presse expliquent à leurs lecteurs et auditeurs comment se débrouiller pour payer moins – voire pas du tout – produits et services divers : se faire couper les cheveux dans les écoles de coiffure, tester les plats cuisinés des grandes marques, etc. Et ces dernières de les inonder de bons d’essai et autres réductions. Quand ce n’est pas Free qui offre soudain ce que d’autres espéraient très lucrativement monnayer !
Et puis, il y a les nouvelles technologies : vous chercher un petit utilitaire pour votre ordinateur ? Avec un peu de chance, vous téléchargerez le freeware qui va bien – freeware, pour free software. Vous devez remplacer votre lave-linge ? Les comparateurs de coûts vous aideront à réaliser quelques économies.
Vous hésitez parfois ? Les jeunes, eux, n’hésitent pas : eux, c’est la génération P2P généralisé – peer to peer, d’égal à égal, du nom de ces systèmes permettant de télécharger gratuitement musique et film sur Internet.
Depuis quelques années, si le budget des ménages n’a pas vraiment augmenté dans notre pays, leurs besoins, eux, ont explosé : plus personne ne saurait se passer de son téléphone mobile, de son abonnement ADSL – et de l’ordinateur qui va avec –, etc. Alors, il faut bien trouver le moyen de financer tous ces nouveaux biens et services : seule solution, tout payer un peu – ou beaucoup – moins cher. Voire ne rien payer du tout, chaque fois que se peut.
Mais tous les produits, tous les services ne se valent pas, direz-vous ? Quel est le risque que je prends à appeler le 118 818, plutôt que le numéro fétiche des deux moustachus ? A acheter une boîte de raviolis premier prix ? Tout doucement, on en arrive à s’abonner à l’opérateur mobile le moins cher, et à privilégier l’ordinateur sans marque, à celui à la petite pomme !
Et l’image de marque dans tout ça ? C’est vrai, il ne reste plus grand place pour l’image de marque dans un tel schéma : tout un marketing à inventer ! Marketing – le marketing d’hier – is dead ! Soyons inventifs !
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